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│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ AVIGNON │ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ - Page 354

  • Cyprièno

    Cyprienne

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    « Paul Manivet, John Stuart Mill, Cabassole, Joseph Vernet, Félix Gras, Jean Brunet, Anselme Mathieu, Guillaume Puy. Bon nombre d’Avignonnais savent les rues qui portent ces noms, mais connaissent-ils les personnages eux-mêmes ? Pourtant, si à ces mêmes vieux Avignonnais, vous dites : "Cyprienne", nul doute que, bien que n’ayant pas de rue portant son prénom, vous verrez s’illuminer leurs visages. Depuis les années quarante, et durant plus de vingt ans, tout Avignon la connaissait. Tout le monde la tutoyait. C’était un incontestable personnage dont chacun pensait égoïstement qu’elle lui appartenait un peu, sans pour autant chercher à amoindrir la souffrance de cette pauvre femme.
    Elle était comme ma mère, native de Saze, petit village dans le Gard, à dix kilomètres d’Avignon. Toutes deux se sont amusées ensemble dans ce hameau lorsqu’elles avaient cinq ou six ans. Je ne sais ce que fut son adolescence, mais lorsque je la découvris, durant la guerre, elle devait avoir une trentaine d’années, et elle chantait depuis fort longtemps dans les rues d’Avignon en faisant la manche. Je crois qu’elle n’aura jamais su faire autre chose que cela : chanter. Enfin ! Quand je dis chanter !
    Petite et maigrichonne, visage taillé au couteau, peau violacée et fripée, portant invariablement un petit chapeau à fleurs muni d’une fine voilette, les joues et les yeux outrageusement fardés, elle ne craignait pas de sourire en permanence, laissant apparaître une denture incomplète. Détail surprenant, elle trônait place de l’Horloge, toujours ou presque toujours enceinte, de sorte que je ne l’ai donc vue que fort rarement avec une taille fine, la guêpe ! Elle a mis au monde dix-huit ou dix-neuf enfants, tous pris en charge par l’Assistance Publique. L’un d’eux, c’est ce que dit la rumeur, serait devenu un illustre médecin.
    Cyprienne était la seule dans sa catégorie lyrique. Tous les observateurs, bon public, se satisfaisaient pleinement du spectacle et de sa voix de fausset, sans qu’un soupçon de commisération ou de mépris effleurât l’esprit de quiconque. Rendez-vous compte ! Des Cypriennes… ! Mais il n’y en avait qu’une ! C’était la nôtre ! Lorsqu’elle entamait une vieille rengaine de Berthe Sylva ou de Maillol, elle se frappait le cœur de la main droite à intervalles réguliers, puis étendait son bras droit, sur le côté, vers le ciel, et recommençait le même geste toutes les deux secondes, en parfaite synchronisation avec le tempo de l’œuvre interprétée. À la fin de la chanson, elle gratifiait son public occasionnel d’un large sourire, mais aussi du soulèvement ostensible jusqu’à mi-cuisse de sa pauvre jupe douteuse. Elle récoltait le seul salaire qu’elle ait connu de sa vie en faisant avec une maigre sébile, le tour des "badeurs", des curieux, si vous préférez.
    Un jour, – je devais avoir huit ou neuf ans – j’écarquillais mes grands yeux à ce spectacle, et à la fin de sa chanson, je vis Cyprienne avec son sourire édenté, se diriger franchement vers ma mère, et lui lança :
    —  Tè, vé, c’est toi Marcelle ? Comment tu vas, c’est ton petit ?
    Ma mère eut toutes les peines du monde, après coup, à m’expliquer, presque honteusement, qu’elle avait connu Cyprienne quand elles étaient toutes deux des enfants, qu’elle avait connu beaucoup de maris et donc beaucoup de malheurs, et qu’ainsi, la pauvre fille, – "peuchère" – avait mal tourné. À mon âge, puisque tout le monde la voyait sourire et que chacun riait de plaisir de la voir sourire, je ne comprenais pas qu’on pût la plaindre.
    Pourquoi ressemblait-elle à une vieille grand-mère, si vieille, alors que ma mère restait une maman, belle, avec une voix caressante, et avec toutes ses dents ? Brusquement, je compris : avoir plusieurs maris faisait perdre ses dents et vous transformait en grand-mère. Moi je voulais rester robuste et solide, avec toutes mes dents, comme mon père, et je n’aurai qu’une seule femme ! La preuve…
    4060479906.jpgElle devait finir sa journée dans un bistrot louche, et manger sa maigre pitance aux côtés d’un nouveau "suce-raque", nouveau compagnon de galère avec qui elle allait une fois de plus toucher le fond de l’abîme.
    Après s’être "empéguée" au gros rouge avec lui, elle prendrait "zou maï" le risque de se faire engrosser une fois de plus, la nuit venue, dans le taudis qu’elle squattait misérablement dans la rue Saint Guillaume, petite ruelle proche de la rue Carreterie. Qu’est-elle devenue ? »
    Robert Garcia Avignon, j’ai grandi avec toi 2015.

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  • Balouard dóu Quèi-de-la-Ligne en 1948

    Boulevard du Quai-de-la-Ligne en 1948
    Quai-de-la-Ligne boulevard in 1948

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  • 10:34 : l'ouro de la picourèio ?

    10:34 : l'heure de la picorée ?
    10:34: the hour of the pecked ?

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  • La caussaduro !

    La chaussure !
    The shoe !

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    "Caussaduro multi-ativeta pèr un usage d'óucasioun" !
    "Chaussure multiactivité pour un usage occasionnel" !
    "Multi-activity shoe for occasional use" !

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  • PUB !

    480659615.jpgCoume un presènt de l'an nouvèu, coume uno resoun pèr me douna un sujèt de publicacioun dóu tèms que prene quauque vacanço, la municipalita d'Avignoun m'ounoura d'uno page (la tresenco de cuberto) dins soun proumié numerò de 2018.
    Pèr legi, pica sus la foto.

    Comme un cadeau du nouvel an, comme une raison de me donner un sujet de publication alors que je prends quelques vacances, la municipalité d'Avignon m'honore d'une page (la troisième de couverture) dans son premier numéro de 2018.
    Pour lire, cliquer sur la photo...

    As a new year's gift, as a reason to give me a topic of publication while I take a holiday, the municipality of Avignon honors me with one page (the third of cover) in its first issue of 2018. To read, click on the picture...

    Texte Sarah Mendel, photo Christophe Aubry.

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  • Este blog a besoun de vacanço !

    Li nouvello publicacioun van se faire rare dins li semano que vènon.
    Mai si pajo e si coumentàri reston dubert... e iéu avisa !
    Vous gramaciéu tóuti pèr vostro presènci
    e vous souvete uno bono annado !
    À forço vite !

    Ce blog a besoin de vacances !
    Les nouvelles publications vont se faire rares dans les semaines à venir.
    Mais ses pages et ses commentaires restent ouverts... et moi attentif !
    Je vous remercie tous pour votre présence et vous souhaite une bonne année !
    À très vite !

    This blog needs vacations !
    New publications will be rare in the coming weeks.
    But its pages and its comments remain open... and me watchful !
    I thank you all for your presence and wish you a happy new year !
    See you very soon !

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  • Sus lou sòu dóu porge de Nostro-Damo-di-Dom

    Sur le sol du porche de Notre-Dame-des-Doms
    On the floor of the porch of Notre-Dame-des-Doms

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    Blason de la famille de Suarez : d'azur à une tour d'argent maçonnée, ouverte et ajourée de sable, surmontée d'une aigle d'or couronnée à l'antique du même.
    « Il s'agit de la tombe du prévôt Louis-Marie de Suarez, décédé le 17-12-1673, à l'âge de 62 ans. C'est par humilité qu'il voulut être enterré sous le seuil de la Métropole. Les armes, rétablies aux XIXe siècle par la famille de Suarez d'Aulan, se lisent : "D'azur à la tour d'argent ouverte et ajourée de sable à l'antique, surmontée d'une aigle éployée d'or" - La Métropole ND des Doms - Mgr Reyne/Abbé Bréhier. »
    (Communication d'Éric Maurin)
    (Aurait-on oublié de mentionner la couronne de l'aigle ?)

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