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jourdan coupe-tête

  • Memòri de rèire-grand

    Mémoire d'aieul
    Ancestor's memory

    Antoine FERRIER
    (Avignon 01/02/1761 – Avignon 24/05/1837)
    Aux enfants de mes enfants (extraits)

     Je suis né dans la commune d’Avignon dans la maison qu’actuellement j’habite rue Barrollerie¹ numéro trente et un l’an mille sept cent soixante et un et le premier du mois de février. (...)
     (...) notre fatale Révolution arriva, (...) le père Ferrier fut nommé membre de la municipalité appelée Richard, il jouissait d’une très bonne réputation, assez de biens de sa fortune, une nombreuse famille jusqu’alors irréprochable, mais très peu instruit, naturellement enclin à la clémence et trop facile à tromper, parlant quelquefois sans réflexion, ce qui lui fit beaucoup d’ennemis, il avait un fond de probité mais peu propre aux fonctions publiques.
     L’on sait que le vingtième du mois d’août de l’an quatre vingt onze, la municipalité dont le père Ferrier était membre fut partie emprisonnée et partie dispersée par la faction opposée. Le père Ferrier n’étant pas en sûreté chez lui se réfugia dans le couvent des ci-devant pères petit Augustin réformés. Heureusement pour lui il s’y trouva une compagnie de hussards logés qui le garantirent des poursuites des méchants et il resta là une quinzaine de jours. Cependant comme je voyais le péril auquel cet homme était exposé par l’anarchie qui régnait dans Avignon à cette époque, je résolus à quelque prix que ce fût de le faire évader. En conséquence j’allais le voir, je lui exposais l’état des affaires, les caprices d’une révolution, l’incarcération de ses collègues, le peu de sûreté qu’il y avait pour lui, vu que la faction opposée était parvenue à faire partir les hussards ; le père Vallette (prêtre à Apt ?) approuva fort mes raisons et décida le père Ferrier à faire ce que je lui disait. La difficulté était de trouver un expédient pour mettre ce projet à exécution, parce que les portes de la ville étaient bien gardées.
     Je me chargerai de tout : tenez-vous prêt seulement, lui dis-je, pour ce soir à dix heures. En effet, j’avais tout prévu, tout préparé pour l’exécution de mon projet, corde, échelle, fusils, cartouches, mon domestique fidèle, mon frère Agricol. À dix heures précises du soir, environ quinze jours après qu’il s’était réfugié, nous fumes le prendre en compagnie de qui dessus à son refuge, je conduis tout l’attirail auprès de la tour du rempart qui est vis-à-vis la porte du moulin appelé “des morts” pour le cimetière de l’hôpital, je pose mes fusils à terre, je dresse mon échelle au pied de la tour, je fais monter premier mon frère Agricol, ensuite mon père et mon domestique et moi après. Je commence de passer un billot entre les jambes d’Agricol attaché à une bonne corde, il se prend les mains à la même corde et dans l’instant il est hors la ville et il attend son père que je travaille à descendre avec un peu plus de précaution, car c’était un homme extrêmement gros, la peur pouvait le prendre et arriver à une catastrophe ; ainsi pour plus de sûreté je passais une deuxième corde sous ses aisselles indépendamment de celle qui tenait le billot entre ses jambes, je l’embrasse pour le mettre sur le merlet ; mon père ne craignait point et il descend dans un instant sans coup férir. En même temps, je leur fait descendre un fusil la baïonnette au bout, et ils s'en vont à la grange du Pont des Deux Eaux dont mon père était fermier.
     Là y prenne le nommé Roux dit Bergère et se font passer le bac de Durance à Bonpas pour se rendre à Cabanne. C’est là où le père Ferrier resta tranquille jusqu’à la rentrée des troupes dans Avignon qui arriva le dix sept novembre après 1791. Après quant à moi je retournai chez moi bien satisfait d’avoir sorti mon père d’une ville où il n’y avait pas de sûreté pour lui.
     Tout ce que je viens de raconter ne me coûta que quinze minutes de temps.
     Je voudrais bien passer sous silence ce qui arriva après cette époque dans Avignon et je voudrais même au prix de mon sang en effacer la honte à la race future, mais il faut que j’en parle malgré moi pour l’intelligence de ce que je ferais. D’ailleurs mon silence serait de nul compte sur cette affaire, l’on comprend aisément que je veux parler de l’horrible massacre qui se commit dans le château fort d’Avignon la nuit du 16 octobre de l’an quatre vingt onze, époque où tout ce qui était pactisant la municipalité Richard n’était pas en sûreté².
     Celui qui était alors Pierre Jean Ferrier mon frère vint se réfugier chez moi, c’est-à-dire dans la maison de mon beau-père rue Calade n° trente isle vingt, je le fis coucher dans mon lit, le matin à deux heures je lui dis viens avec moi, je le mène à l’endroit déjà dit. Tous deux seuls je le descend du rempart et je lui ordonne d’aller passer le bateau à la traille de Sorgue pour se rendre à la Barthelasse, ce qu’il fit, et moi je me retournais chez moi au milieu de plusieurs factionnaires qui criaient Qui vive de tous côtés, avec mon échelle, ma corde et mon fusil. Je garantissais les autres du danger et moi j’y restais. (...)
     Les troupes rentrées dans Avignon sous la conduite du général Choisy, sous les auspices des commissaires civils Lessene, Desmaison, Champion de Villeneuve et d’Albignac envoyés par le roi dans Avignon sous la conduite du général Choisy qui, de concert avec les commissaires civils réintégrèrent la municipalité dans leur fonction et que le père Ferrier eut l’imprudence d’accepter contre mon conseil, ce qui lui causa encore beaucoup de chagrin, de persécution et finalement la mort qui s’en suivit.
     L’administration municipale étant neuve dans une révolution où les factions se succèdent, où la loi des plus audacieux et des plus forts tient lieu de tout, crurent que tout de concert et même autorisé par des agents du gouvernement, commissaire civil et le général, qui existait alors, crurent, dis-je, de leur devoir et pour le bien de l’humanité d’après les pouvoirs à eux donnés de lancer des mandats d’arrêt contre tous les prévenus des forfaits qui s’étaient commis le seizième d’octobre. À cet effet les troupes de ligne, les hussards, le régiment de La Marck sous les ordres du général, tout fut en recherche, et ce fut alors que les Jourdan, les Minvieille, les Sabin Tournal et une infinité d’autres prévenus furent réellement incarcérés. Ce fut alors aussi que la chance tourna comme l’on sait, le gouvernement monarchique fit place au gouvernement républicain. Les autorités royales furent destituées et les portes des prisons ouvertes à tous les prisonniers pour cause de révolution et même autorisés à se faire payer pour leur temps perdu et (...) à cette époque les Jourdan, Minvieille, Duplat, Sabin et autres assignèrent la municipalité Richard dont le père Ferrier faisait partie, un pour l’autre un seul pour le tout, à leur compter la somme de 100 mille francs pour les dédommager de leur souffrance, prison, abandon de ces affaires, persécution, etc., etc.
     Pour parler de ce coup, l’aîné Ferrier d’après ce conseil imagine un moyen paisible pour soustraire le bien de notre père à ces vampires. À cet effet il vint chez moi à la Grangette de Reynard Lespinasse près St-Lazare où j’ai fait domicile 18 mois. (…)

    ¹ Actuelle rue Baraillerie.
    ² Il s'agit des massacres de la Glacière.

    Antoine Ferrier était le grand-père maternel du grand-père maternel de mon père.

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  • Pleidejarié e requisitòri de Matièu Jouve

    Plaidoierie et réquisitoire de Mathieu Jouve
    Plaidying and indictment of Mathieu Jouve

    À la tête de l'armée révolutionnaire du Vaucluse, il s'est surnommé "Jourdan Coupe-Tête". Après le massacre de la Glacière des 16 et 17 octobre 1791, il échappe à la justice profitant d'une amnistie en mars 1792. Fin 1793, les députés de la Convention lui confient un commandement dans la gendarmerie du département de Vaucluse. Voici son discours devant les députés de la Convention nationale.

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    Son comportement brutal soulèvera de nombreuses protestations. Il passe les bornes en faisant arrêter sans ordres des membres du tribunal criminel du département de Vaucluse. Arrêté à-n-Avignon le 23 avril 1794 et transféré à Paris, son jugement est expédié rapidement et il monte sur l'échafaud le 27 mai, deux mois avant Robespierre.

    Lire ici et ici.

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  • Li Brave bregand d'Avignoun

    Les Braves brigands d'Avignon
    The Brave brigands of Avignon

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    Eau-forte - 1791.

    De gauche à droite :
    Jacques Pierre Agricol Minvielle (1764-1793)
    Jean-Étienne-Benoît Duprat (1752-1809)
    Sabin Tournal (à genoux)
    (3) Armand-Gaston Camus (1740-1804)
    (2) Charles-François Bouche (1737-1795)
    Mathieu Jouve dit Jourdan coupe-tête (1746-1794)
    (1) Rabault-Saint-Étienne (1743-1793)
    Trois députés de la Constituante : Bouche, Camus et Rabault-Saint-Étienne, entourent Jourdan.
    À terre des membres épars des victimes que ramassent et dévorent d'autres personnages.

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    Eau-forte bistre - 1792.

    « ...il serait difficile d'imaginer un brigandage pareil à celui qui se commit sous les ordres de Jourdan. On donna le nom de brigands aux hommes qui composaient cette horde : ils prirent le parti de s'en glorifier et s'intitulèrent eux-mêmes les braves brigands d'Avignon. (...)
    « ...une partie du peuple d'Avignon, aigri par la misère, assassina, dans la journée du 16 octobre 1791, le secrétaire de la municipalité nommé Lescuyer, agent de la terreur. Cet attentat fut pour Jourdan le signal du plus affreux carnage ; et la nuit ainsi que les jours suivants furent employés à venger la mort de Lescuyer. Le palais apostolique connu sous le nom de la Glacière contenait l'arsenal, les prisons, les salles de justice, et le logement du vice légat. Ce fut là que les braves brigands assommèrent à coups de barres de fer soixante-une personnes parmi les quelles se trouvaient treize Femmes. »
    In "Biographie universelle, ancienne et moderne" - Chez L.G. Michaud - Paris - 1818.

    Voir aussi "Li massacre de la Glaciero".

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