Cent-cinquante-six ans après boulevard du Rhône
Hundred-and-fifty-six years after Rhône boulevard
│ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ AVIGNON │ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉ│ - Page 321
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Cènt-e-cinquanto-sièis an après balouard du Rose
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Tout lou mounde ié passo !
Tout le monde y passe !
Everyone passes there !« La construction du pont de Saint Benézet, à Avignon, fut l'un des événements remarquables du douzième siècle. De notre temps, le premier chemin de fer a excité moins d'admiration et d'enthousiasme que n'en soulevèrent, parmi les populations, à cette époque éloignée, l'audace et le bienfait du premier chemin de pierre jeté en travers du Rhône. Ce monument gigantesque parut une inspiration divine. Il établissait comme un nouveau lien de fraternité entre la Provence, le comtat Venaissin et le Dauphiné, il mettait fin à des difficultés de communication et à des dangers sans nombre. Le pauvre peuple surtout ne se lassait point de s'extasier sur cette possibilité de passer désormais d'une rive à l'autre du vaste fleuve à pied, à cheval, en chariot, à toute heure, en tout temps, en toute saison, si rapidement avec tant de sécurité. Quelque chose de ce naïf ébahissement universel s'est transmis jusqu'à nous dans le premier vers de la célèbre chanson :
Sur le pont d Avignon, tout le monde y passe ! »
Édouard Charton - Le Magasin Pittoresque - 1846.
Mais aussi :
Sur le pont d'Avignon, tout le monde y passe.
Sur le pont d'Avignon, tout le monde y passe.
Les hommes font comme-ci, comme-ci.
Les dames font comme-ça, comme-ça...
« Déjà nous avions franchi le bras du Rhône qui sépare la ville de l'île Barthelasse jetée comme une corbeille de fleurs au milieu du fleuve non loin du vieux pont qui réunissait autrefois le Languedoc à la Provence. Vous n'avez pas oublié la ronde avec laquelle on berça notre premier âge et que les bonnes et les nourrices chantent encore à nos enfants :
Sur le pont d Avignon
Tout le monde y passe.
Eh bien cette chanson-là avec ses airs d'innocence n'est aujourd'hui qu'une raillerie amère. Aujourd'hui le pont d'Avignon n'est plus qu'une ruine et depuis bientôt deux siècles personne n'y passe ! De ses vingt deux arches il n'en reste plus que quatre qui s'appuient sur la rive gauche du Rhône. »
Revue du Lyonnais tome XXI Imprimerie de L. Boitel Lyon 1845.
Mais aussi :
Sur le pont d'Avignon,
Tout le monde y passe, passe,
Sur le pont d'Avignon,
Tout le monde y passe en rond.
Le Gaulois - N°125 - Samedi 18 novembre 1882.
C'est également une expression :
« Partout c'est la ruée vers le gagne-pain ; c'est l'âpre mêlée, inéluctable. C'est comme sur le pont d'Avignon, tout le monde y passe ; il faut en prendre son parti.
Cours de Français - Les Frères de l'Instruction chrétienne - Livre du Maître SD.
« L'épuration d'une ville ou d'un village n'est parfaite que si chacune et chacun, à l'heure dite, étale ses titres sous les yeux du gardien de l'ordre. Comme sur le pont d'Avignon, tout le monde y passe. Le procédé est vexant soupirent les grincheux. »
L'Ouest-Éclair - N°15.017 - Mardi 21 décembre 1937.
« Sur le Pont d'Avignon tout le monde y passe. Quel écrivain redoutable il est ! Griffe ici, griffe là, sous le velours d'une phrase ondulée, des espiègleries verbales qui frisent l'exagération. »
Benoît Lacroix - Pour lire les Mémoires de Lionel Groulx (1878-1967) - Éd. IHAF 1970.
Expression qui pourrait bien également avoir son origine rue du Pont-Trouca :
« N'oublions pas de remarquer, en passant, que le vieux refrain populaire
Sur le pont d'Avignon,
Tout le monde y passe,
pourrait bien être une allusion joyeuse à la mauvaise renommée de la rue du Pont-Traucatou-Troué. Cette rue avait des étuves si malfamées, qu'un synode, tenu à Avignon le 17 octobre 1441, défendit aux ecclésiastiques et aux hommes mariés, de fréquenter ce lieu de Prostitution... »
Pierre Dufour - Histoire de la prostitution chez tous les peuples du... - Éd. Seré Paris 1853.
Version Monsieur :
♫ Sur le pont d'Avignon
tout le monde y passe ♫ (1)
Version Madame :
♫ Sur le pont d'Avignon
tout le monde y passe ♫ (2) -
Avignoun boujarroun : la touristo vieneso
Avignon fripon : la touriste viennoise
Naughty Avignon : the viennese tourist -
Balouard dóu Rose souto lou Segound empèri
Boulevard du Rhône sous le Second empire
Rhône boulevard during the Second EmpirePhoto Édouard Baldus vers 1861-63.
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Avignoun d'aiours 12 : lis Avignonesi
Avignon d'ailleurs 12 : les Avignonesi
Avignon from somewhere else 12 : the Avignonesi -
Desvouloupamen dóu tourisme dis insèite
Développement du tourisme des insectes
Development of insect tourismHôtel à insectes, chemin des Canaux. Hotel for insects, Chemin des Canaux.
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Avignoun, jun 1814 - 5/5
Avignon, juin 1814 - 5/5
Avignon, june 1814 - 5/5SOUVENIRS MILITAIRES D'HYPOLITE D'ESPINCHAL LA FÊTE-DIEU
Cependant, à quelques jours de là, un autre incident faillit devenir plus grave ; c'était l'octave de la Fête-Dieu, époque à laquelle le clergé d'Avignon et la population entière célèbrent cette fête avec la plus grande pompe.
Le régiment, à pied, dans une tenue parfaite, escortait une immense et belle procession, composée de toutes les églises de la ville, des congrégations avec leurs drapeaux, des différents saints des paroisses, d'une vierge en argent portée et entourée par de jeunes filles vêtues de blanc dont les cantiques montaient au ciel ; puis, venaient les diacres, les sous-diacres et les chantres couverts de leurs chapes d'or, chantant des hymnes, auxquels succédait la musique militaire ; apparaissaient ensuite une douzaine d'enfants de chœur en soutane et calotte rouge, mêlés avec de petites vierges de dix à douze ans, encensant et jetant des fleurs en avant d'un dais d'une magnificence incroyable, sous lequel le vénérable curé de la cathédrale portait le Saint-Sacrement avec autant d'onction que de respect ; en arrière de ce dais, venait l'archevêque dans toute la splendeur de son costume, la mitre en tête, une crosse d'or à la main et suivi des premières autorités de la ville, après lesquelles venait la population sans distinction de rang, marchant avec calme et dans un profond silence.
Tout cela inspirait de religieuses pensées, surtout en voyant cette foule s'agenouiller respectueusement et dévotement au moment où le prêtre exposait le Saint-Sacrement sur l'autel d'un élégant reposoir et donnait la bénédiction.
Cette pieuse et sainte cérémonie était sur le point de finir, lorsque, tout à coup, la marche est suspendue, et l'on entend, dans le lointain, un bourdonnement mêlé de tumulte et de cris menaçants qui parviennent jusqu'à l'archevêque, surpris, étonné et presque effrayé, attendant avec anxiété qu'on l'instruise de cette scandaleuse interruption. Placé près du général et du préfet, j'apprends bientôt par un adjudant-major qu'en face d'un reposoir et au moment où la tête de la procession défilait, un buste en plâtre de Louis XVIII, lancé par une fenêtre, était venu se briser sur le pavé et que l'auteur de ce délit était un maréchal des logis du régiment dont une blessure à la tête s'était rouverte depuis quelques jours ce qui lui occasionnait de fréquents accès de transports. Aussitôt après avoir rendu compte au général de ce qui se passait, je me rends sur les lieux et trouve un peloton de la compagnie d'élite placé fort heureusement en avant de la procession, tenant tête à une populace en fureur qui voulait enfoncer la porte de la maison pour massacrer l'auteur de ce scandale. Pensant aussitôt qu'il serait inutile d'entreprendre de faire entendre raison à cette foule exaspérée qui grossissait à chaque instant, j'affecte la plus grande colère et, m'adressant à la troupe « Chasseurs, dis-je, emparez-vous de ce misérable et qu'on le conduise au cachot ou qu'on l'y transporte s'il est malade, afin que la justice ait son cours et qu'il subisse la punition de son crime. Bravo ! disait le peuple, il sera fusillé et il l'aura bien gagné ! En effet, enveloppé dans une couverture, placé sur un matelas, ce malheureux sortit au milieu des vociférations du peuple qui hurlait « À mort, le renégat ! » Mais, entouré et défendu par les chasseurs, il échappa à leur vengeance et fut transporté à l'hôpital.
Tout cela se passa en moins d'un quart d'heure et la procession, reprenant sa marche, se termina tranquillement.
L'avant-veille de notre départ, la municipalité, voulant donner au régiment des marques de satisfaction sur la discipline et la bonne conduite qu'il avait tenues, témoigna le désir de le lui exprimer d'une manière authentique ; à cet effet, une grande manœuvre eut lieu dans une vaste plaine non loin de la ville où se transporta une partie de la population d'Avignon.
Des pièces de vin y furent portées et la santé du Roi bue aux acclamations générales de cette même population qui, à notre arrivée, aurait voulu pouvoir nous jeter tous dans le Rhône. Ainsi est faite partout cette masse de fainéants, de mauvais sujets, d'ouvriers inactifs, lâches, stupides, incapables de se mouvoir sans impulsion et à qui l'idée de se révolter ne viendrait jamais, si des hommes d'énergie, aux mauvaises passions, ne faisaient entrevoir, dans l'anarchie, le vol, le pillage et le rapt.
Le soir de notre manœuvre, l'ébullition populaire s'étant maintenue en faveur des chasseurs et, ne trouvant aucun inconvénient à les laisser jouir du dernier enivrement de cette ville que nous devions quitter le lendemain, il y eut, sur la grande place et dans les faubourgs, des danses et des farandoles échevelées qui durèrent une partie de la nuit, au milieu d'une joie aussi effrayante qu'une émeute. ♦
In "Souvenirs militaires" d'Hippolyte d'Espinchal 1792-1814
publiés par Frédéric Masson et François Boyer - Paris - 1901
Société d'Édition Littéraires et Artistiques - Librairie Paul Ollendorff