Jean Cadard
Sous le porche de la métropole Notre-Dame-des-Doms. Les traces de ce blason dans l'église des Célestins ont disparu.
D'argent au chevron de gueules chargé de trois étoiles à six rais d'or accompagné de trois merlettes [?] de sable. Selon Georges de Loye : ...becquées et membrées de gueules. Selon moi : trois [corbeaux ou corneilles ?] hardis de sable.
Jean CADARD
(Picardie 1374 - Avignon 27.08.1449)
Médecin et précepteur des enfants de Charles VI, médecin et conseiller de Charles VII.
Après l'assassinat de Jean sans Peur en 1419, il doit s'exiler à Avignon où il acquiert plusieurs immeubles dans le quartier des Fusteries entre 1423 et 1439 et devient seigneur d'Oppède et du Thor. Il reste célèbre grâce à la Vierge de Miséricorde peinte par Enguerrand Quarton où il est représenté à genoux avec son épouse Jeanne de Moulins (de Molinis).
On le trouve sous les noms de CADART ou Johanni CADARDI.
La Vierge de Miséricorde de la famille Cadard
Tableau peint par Enguerrand Quarton et peut-être achevé par Pierre Villate, commandé en 1452 par Pierre Cadard pour l'autel de la chapelle St-Jean-Baptiste aujourd'hui disparue que son père Jean avait commencé de faire construire à la veille de sa mort dans la grande chapelle du bienheureux St-Pierre-de-Luxembourg.
Actuellement au musée Condé de Chantilly, elle est l'une des principales œuvres de la deuxième École d'Avignon.
Commentaires
me plait - quels idiots en voulaient aux étoiles, aux merlettes et à lui...
Décidément, avec les Cadard, rien n'est simple !
Où se trouvaient leurs armes dans le couvent des Célestins ? Sur leur tombeau, c'est le minimum syndical...
Or Malet nous raconte qu'en 1449 Jean Cadard avait promis aux Célestins de financer une chapelle qu'ils firent effectivement construire, en excroissance de la grande chapelle dédiée au Bienheureux Pierre de Luxembourg. Malheureusement, les époux Cadard étant décédés peu après sans que la promesse ait été entièrement exécutée, ils furent enterrés dans le chœur de l'église, et y restèrent !
En 1452, leur fils Pierre finança la réalisation du retable dû au pinceau d'Enguerrand Quarton.
Si l'on confronte ce récit à ce qui nous est accessible en 2021 - documents comme vestiges architecturaux - , on se rend compte que :
- le sol du "chœur" - entendre le chœur liturgique, i.e. les deux premières travées de nef, là où se trouve en ce moment la Crèche au milieu des marchands du Temple - a été de longue date ravagé, peut-être par l'armée, si ce n'est par les Célestins eux-mêmes qui ont vraisemblablement réhaussé le sol de leur église après l'inondation de 1755.
Donc la pierre tombale des époux Cadard, si ce que dit Malet est exact, ne peut plus exister. Mais leur tombe était-elle restée dans le chœur ?
- le prix-fait publié par Requin montre qu'en 1452 Pierre Cadard, seigneur du Thor et fils des précédents, semble entretenir des relations à peu près sereines avec les Célestins, et il finance un retable à poser sur "altare capelle ipsius domini de Thoro per suos progenitores noviter constructe in capella magna beati Petri de Luxemburgo". Comme les vrais contractants et signataires de l'acte sont le procureur-syndic et l'économe du couvent des Célestins, on voit mal comment ils auraient pu laisser écrire par le tabellion que cette chapelle avait été construite par les géniteurs de leur mécène, si le petit différent financier lié à leur décès prématuré n'avait été aplani ! Et dans la foulée, on se demande comment Jean Cadard et son épouse auraient pu rester ensevelis dans le chœur de l'église conventuelle s'ils possédaient une chapelle à quelque distance de là, chapelle dont apparemment leur fils tenait à s'occuper...
- enfin, ladite chapelle des Cadard, dédiée à Saint Jean Baptiste, constituait une excroissance de la dernière travée de la grande église du Bienheureux, côté du levant. Elle a été rasée par l'armée au XIXème - elle figure intacte dans son gros œuvre sur le plan dressé en 1801 par Pampany et qui a dû passer ici récemment. De nos jours, il en reste de vagues traces rue Saint-Michel (on a posé, sur son emplacement, une stèle rapportée qui donne quelques niveaux d'inondations mémorables).
Bon, bref, tout ceci pour conclure que retrouver les armes des Cadard dans le couvent des Célestins (et pas seulement dans l'église) est quasiment mission impossible !
C'est dire combien sont précieuses tout à la fois les armes peintes du retable, et celles sculptées du porche de la Métropole.
Pour finir, petit coup de griffe (mérité) contre la notice Whiskipédia relative à la Vierge de Miséricorde des Cadard, qui écrit froidement "Le tableau est commandé le 16 février 1452 par les procureurs du couvent des Augustins pour le compte de Pierre Cadard en l'honneur de son père Jean Cadard (1377-1449). Il était destiné à l'autel de la chapelle Saint-Pierre de Luxembourg que celui-ci avait fait élever dans l'église des Célestins à Avignon". Si je sais encore compter, cela fait à minima quatre erreurs (trois grossières et une plus nuancée...) en une seule phrase. Chapeau !!!!!!!
Je vais donc modifier un petit peu ma phrase quant à la présence de ces armes aux Célestins...
Je ne suis pas sûr d'avoir repéré les quatre erreurs... !
- les procureurs des Augustins : non, des Célestins
- destiné à l'autel de la chapelle Saint-Pierre de Luxembourg : non, à l'autel de la chapelle Saint Jean Baptiste
- que celui-ci avait fait élever dans l'église des Célestins : non, dans la grande chapelle du Bienheureux
- enfin, plus nuancé, "en l'honneur de son père..." : non, en l'honneur de ses parents Jean et Jeanne, qui ont d'ailleurs leurs saints patrons (le Baptiste et l'Evangéliste) figurés sur le retable, sans oublier évidemment la dédicace de la chapelle.
A noter aussi que tous ceux qui se recopient les uns les autres disent que la commande prévoyait de placer l'époux à droite et l'épouse à gauche, on voit l'inverse parce qu'il faut comprendre "à droite de la Vierge..." etc.
Quand j'écris « pour la chapelle Saint-Pierre de Luxembourg que son père Jean avait commencé de faire construire en l'église des Célestins » ce n'est pas correct.
Je devrais plutôt écrire : « pour l'hôtel de la chapelle St-Jean-Baptiste aujourd'hui disparue que son père Jean avait commencé de faire construire dans la grande chapelle du bienheureux St-Pierre-de-Luxembourg. »
Correct Alain ?
Parfait, si ce n'est que l'emplacement exact était l'autel plutôt que l'hôtel (que celui qui n'a jamais commis ce lapsus te jette la première pierre.... d'autel, bien entendu ! )
Voici un "corbeau hardi de sable" :
https://en.geneanet.org/gallery/?action=detail&desc=corbet_hugues_corbet_alcester&id=6786890&rubrique=blasons
qui colle plutôt bien avec nos oiseaux de Cadard.
Effectivement, bien plus conforme au visuel. La description - qui a nécessairement suivi, et non pas précédé, l'établissement graphique des armes - est donc fautive.
Autre détail, sur la sculpture les étoiles semblent à 6 branches.
6 branches. Exact, Alain. J'ai zappé ce détail.
J'ai eu tort.
Parfaitement d'accord pour le blasonnement des armoiries de Jean Cadard établi selon son écu figurant sur La Vierge de Miséricorde. C'est pourquoi je reste dubitative quant à l'argent, pour ma part j'y verrais plutôt de l'or...
Il faut bien constater que les blancs du tableau sont bien blancs et que le fond du blason ne l'est pas...
Mais il faut aussi constater que cette malheureuse toile, vieille de plus d'un demi-millénaire, n'est pas en très bon état, sans parler de ses couleurs qui ont viré (ou dégénéré.. ) . De toutes façon, même sur le cliché "haute résolution" disponible sur le Net, les 2 blasons n'occupent qu'une surface extrêmement réduite, rendant la lecture de ce détail assez aléatoire.
Et je dis bien "toile" : cerise (saumâtre) sur le gâteau, un précédent propriétaire, au XIXème siècle, a eu l'idée baroque de faire transposer sur toile la peinture qui était à l'origine exécutée, comme l'ensemble de ses contemporaines, sur un panneau de bois. On imagine qu'avec les techniques de l'époque, l'œuvre ne peut pas ne pas avoir souffert de l'opération !
On pourra lire dans "La chapelle d'Isabeau de Bavière" (Mémoires de l'Académie de Vaucluse du 1er janvier 1889) un texte intéressant de Gustave Bayle sur Jean Cadard et sa famille :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5744377m/f78.item
On y apprend que Pierre Cadard, fils de Jean, avait fait construire une chapelle près de l'église de Notre-Dame-des-Doms, chapelle qui a disparu. Le blason du porche de la métropole en est le dernier témoignage.
Oui bien sûr. C'est la chapelle dont nous parlons depuis deux jours, qui se trouvait au nord du porche de la Cathédrale, et fut abattue en 1748 lors de la reconstruction du parvis. On voit encore les traces de ses formerets dans la base du clocher.
La seule vraie question (un peu subsidiaire) est de savoir si les armes de Pierre Cadard telles qu'elles sont disposées de nos jours, marquent l'emplacement de la porte d'entrée de cette chapelle - entrée qui aurait été percée à travers le mur latéral du porche - , ou bien si elles ont été simplement posées là pour perpétuer le souvenir de sa fondation. Les parements du porche ayant été très remaniés lors des restaurations successives, il y a peu de chances d'arriver à les "lire" pour répondre.
Elle se voit sur le panorama d'Avignon de Bonnart. Je regarde si j'en ai un cliché.
Jean Cadart du Hainaut (1490-1562) :
https://gw.geneanet.org/mdebreuque?lang=en&n=cadart+du+hainaut&nz=du+broeucq+du+hainaut&oc=0&p=jean&pz=marcelle+natalie&type=tree
et
Henry de Cadart :
https://gw.geneanet.org/gaetan2?lang=en&n=de+cadart&nz=ganzin&oc=0&p=henry&pz=pauline&type=tree
portent ce blason.
Les deux notices de Geneanet donnent un blason aux dessins à peu près identiques (variantes négligeables). Par contre il diverge de la sculpture du porche de la Métropole en deux points :
- les merlettes sont de vraies merlettes (sans griffes et sans bec)
- les étoiles sont à cinq branches
Oui, il faut que refasse ce dessin pour mettre des étoiles à six branches.
Voilà. Blason corrigé.
Une fiche sur Jean Cadart dans une thèse de doctorat de 2015 :
http://avignon.hautetfort.com/files/CADART%20Baveye-Kouidrat_Laurie.pdf