Les fausses pièces de Bergin
Bergin's counterfeit coins
Bergins gefälschte Münzen
Avignon le 28 nivôse an X (18 janvier 1802)
Au Citoyen maire Avignon
Citoyen maire, Imaginant qu'une plainte vous a été faite contre l'arrestation que j'ai faite d'un (cens) écu de cent sols, je m'empresse de vous le faire parvenir ainsi que plusieurs autres pièces que j'ai faites clouer. Je pense que c'est le seul moyen d'arrêter le cours de la fausse monnaie et ne pouvant moi-même me porter à raison de ce que j'ai beaucoup de monde, j'envoie le citoyen Arnoux. Si vous voulez cependant que je me rende à la maison commune je me ferai l'honneur d'y passer ce soir.
Je vous salue avec respect
Bergin
P.S. Si celui que j'ai arrêté est déclaré valable je ne le ferai point percer, ce n'est d'ailleurs qu'après une mûre vérification de la part du citoyen juge orfèvre que je les arrête définitivement, mais j'ai besoin de me méfier.
Bergin
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Commentaires
un peu perdue suis dans ses affirmations moi
Correspondance entre son époque et la nôtre : fausse monnaie, fake news, même combat !
On a tous intérêt à être méfiants.
Intéressant...; A cette époque, les faux-monnayeurs n'étaient pas à Bercy.
Je pense que dans les premières lignes, il faut lire "un écu [malencontreusement mis au pluriel par le rédacteur] de cent sols", ce qui correspond à la pièce d'argent de cinq francs lancée sous la Révolution, qui équivalait donc à 5 x 20 = 100 sous. Et l'argent est un métal relativement facile à remplacer par d'autres de peu de valeur, qui trompent facilement... sinon que le poids n'y est pas !
Pour mémoire, sous l'Ancien régime l'écu a oscillé entre 3 et 6 livres. Aux XVII et XVIII ème siècles, on voit souvent dans les opérations financières "XX écus de trois livres", ce qui arrête toute contestation. Mais il faut reconnaître qu'à l'époque, les échanges financiers, avec une monnaie de compte qui n'était représentée par aucune pièce en circulation, devait être un sacré casse-tête....