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Un 5 d'abriéu 1644, memento de viage

Un 5 avril 1644, mémoire de voyage
On april 5, 1644, travel memoir
Im 5. April 1644, Reiseerinnerungen

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Commentaires

  • si quelqu'un a l'envie de reécrire tout ca de facon bien lisible je suis preneur!

  • Si je disposais d'assez de temps je me serais volontiers lancé dans la transcription.
    Je dois dire que l'écriture n'est pas si facilement déchiffrable...

  • Le document conte le détail des deux allers et retours que fait l'auteur entre Avignon et Montpellier en avril-mai 1644, afin de mener une action judiciaire contre des débiteurs qui semblent être ses deux fermiers des domaines de La Tour et Sainte-Colombe, au lieu-dit de Farges, près de Lunel. L'affaire porte sur 1.355 livres (un joli montant à l'époque) et se déroule devant la Cour des Aides de Montpellier.

    Notre rédacteur semble avoir affaire à forte partie car il obtient de la justice le pouvoir d' "entrer par bris de porte" au cas où l'un de ses débiteurs s'opposerait à la saisie. Ce qui ne manque pas de se produire, le document s'achevant sur l'incarcération le 7 mai du "sieur" de Ste Colombe (dont l'identité exacte n'est pas révélée) par le prévôt de l'Intendant "avec tous ses archers".

    En incidente sur l'affaire, le rédacteur semble être lui-même débiteur auprès d'une Madame de Rua, et conditionne l'acquittement de cette dette au recouvrement auprès de ses créanciers, via une convention qui est passée devant le conseiller Payen, d'une famille d'avocats bien connus à Avignon au XVIIème siècle.

    Outre les détails du voyage proprement dit (repas, hôtellerie, postes et pourboire des postillons, louage de chevaux...) , le papier mentionne aussi de menues dépenses d'habillement (bas, souliers, confection d'un habit...) et une potion de jacinthe (???) par un apothicaire. Et on trouve vers la fin de la page 4 cette jolie mention : "pour mon chirurgien ou ma blanchisseuse pour un mois..... 5 livres".

  • Merci Alain .

  • Bonjour Alain, tout comme Michel, je salue bien bas votre talent d'expert en vieilles écritures. D'autant plus que pour moi cette histoire est passionnante.
    La "potion de jacinthe" (que ce soit en tant que remède où bien de parfum) colle parfaitement avec la célébrité des apothicaires parfumeurs de Montpellier au XVIIe siècle, vu que la jacinthe des bois répond aux deux emplois.
    Par ailleurs, il me semble lire au bas de la troisième page : "j'ai payé un tailleur qui a fait l'habit de la.. viole ??
    Comme ce mot revient plusieurs fois dans les pages précédentes, j'ai pensé à une housse pour cet instrument de musique.
    Mais comme l'écriture de ce mot n'est pas facile à lire, je suis très curieuse de savoir exactement ce qu'il en est. Confirmez-vous "viole" ?
    Sinon, quelle lecture faites-vous de ce mot ?
    Cela m'intéresse fort, vu que "sieur de Sainte-Colombe" m'a bien sûr fait penser au célèbre - et très mystérieux - compositeur de musiques pour viole de gambe...

  • Voici la transcription de ce texte. Les majuscules et la ponctuation sont rares, les accents tout autant - parfois marqués par un simple point après le mot ! , mais il n'y a finalement quasiment rien de franchement illisible.

    Commentaires dans un autre post.


    Memoire du voyage que j'ay fait à monpelier
    pour l'affaire du R~eur [régisseur] de farges en l'annee 1644
    Je suis parti davignon le 5 avril dite annee

    Pour mes postes davignon à montpelier 20 #
    Pour les postillons deux 2 # 10
    Pour ma soupee a nismes 3 #

    Je suis arrivé a montpelier le sixieme dudist
    a diner et en suis parti pour avignon le quinzieme
    apres diner et ai payé pour ma depense a lhoste
    du signe 28 # 10
    pour des invités 6 #

    pendant ledist temps jay depensé a la poursuite
    de laffaire contre ledist de farges que jay doné a monsieur
    peyre mon procureur pour la requete que jay fait
    presenter a messieurs les thresoriers de france 3 #
    plus je luy ay doné pour [illisible] 1 #
    plus je luy ay done deux testons 2 #

    estant party de montpelier le quinzieme dudist
    apres disner pour avignon jay depensé au pont de lunel
    pour ma soupee 4 #
    plus pour ma disnee a nismes 3 #

    estant audist avignon jay fait une convention avec
    madame de rua laquele est entre les mains de monsieur
    le conselier payen et ay done au sieur bonhomme procureur
    de ladite dame 11 # 12
    plus jay doné a ma femme 34 # 5
    plus jay done a celuy a qui mademoisele de columbier
    a cede cinquente escus a bon conte 3 #

    (page 2)
    plus pour un pere bas et solier pour la violete 3 #

    je suis party davignon pour montpelier le lundi dix et
    huitieme dudist mois et ay depensé pour la disnee 3 #
    plus a nismes pour ma couchee 4 #
    plus a lunel pour ma disnee 3 #
    plus pour le louage de deux chevaux pour vingt
    journees 10 #

    je suis arrive a montpelier le mardy dix et huitieme
    dudist mois avant le disner et ay doné a monsieur peyre
    mon advocat pour lever lordonnance de messieurs
    les thresoriers de france deux escus au soleil et quatre livres
    que mon hoste lui avoit doné pendant que jestoys a
    avignon 14 # 10
    plus luy ay doné pour les clers dudist bureau 3 #
    plus jay pour le grefier en retirant ladite ordñace [ordonnance] 4 #

    plus le vingt et troisieme dudist jay paye au mestre cordonier
    pour deux peres soliers et un pere botes 14 #
    plus le 23 dudist jay doné a deux huissier pour aller
    executer lordonence des mesieurs les thresoriers 3 #
    plus pour avoir fait faire un acte audist sieur de ste
    Colombe au notaire 2 #
    plus pour un pere bas de trelis a dentele 6 #
    plus pour ma blanchiseuse ou mon cirurgien 5 #

    plus le 26 avril jay doné a monsieur pujol pour se presenter en
    la cour des aydes de montpelier contre de farges 3 #
    plus jay doné a mon laquais que jay envoye a avignon pour
    remmener mes chevaux le 26 dudist du matin 3 #

    plus jay fait marché avec le manseau du habit pour la

    (Page 3)
    violete a dix et huit livres et luy ay doné a bon
    conte neuf testons qui font 8 # 15s 6 [deniers]
    plus jay envoye a ma femme pour la violete cinq escus
    dor au soleil qui font 26 # 15 s
    plus jay doné a mademoisele lambert a conte du linge
    quil me fait (sic) 20 #

    plus jay preste a monsieur case de marselies par sa promesse
    du 24 avril 1644 600 #
    plus jay preste audist sieur case le vingt et cinquieme
    dudist mois dite année 400 #

    plus le 26 dudist jay doné a quatre huissiers qui
    sont alles intimer au sieur de ste colombe lordo
    nance de la cour par laquele il est condemne sans
    prejudice de son apel de me payer la somme de
    1355 # et a faute de payement luy ont saisis une
    partie de ses meubles et ont establi sequestre paye
    pour toutes les dites procedures 10 #

    plus jay obtenu le 26 dudist autre ordonence de
    la cour par laquelle en continuation de mes execu
    tions contre ledist de ste colombe il mest permis de
    rentrer dans sa meson par bris de porte en cas quil fasse
    defendre douvrir pour continuer la saisie de ses
    meubles payé aux huissiers qui sont alle
    faire ladite procedure 6 #
    plus pour avoir fait emprisoner le sequestre
    paye aux huissiers 8 #
    plus le premier de may jay done a monsieur bon
    homme procureur de madame rua quatre
    escus dor au soleil qui font 21 #
    plus jay payé au talieur qui a fait lhabit
    de la violete 9 #

    (page 4)
    plus mon laquais est revenu le dimenche a souper
    davignon premier de may

    plus le 3 dudit jay envoyé quatre huissiers aux granges
    de ste colombe et la tour au teroir de lunel vieil pour
    saisir le bestail du sieur de farges et ay payé 21 #

    plus le 5 dudist jay paye a monsieur barles
    apoticaire a compte de huit onces de confesion de jaceinte (??)
    a raison de seize sous lonce 5 # 5
    plus le sixieme dudist pour un flambeau 2 #

    plus le 7 dudist pour avoir envoye le prevost de monsieur
    lintendant avec tous ses archers a la meson de de farges
    pour le faire prisonnier 10 #

    plus le 9 dudist pour deux peres de gans 5 # 5
    plus a monsieur barles apoticaire pour de confesion
    de jaceinte ou de la bougie 10 #

    plus a monsieur pujol a conte de depans de mon affaire
    de farges trois escus au soleil 15 # 15

    plus pour quatre peres ciseaux avec manche dargent
    que jay echeptes 5 #
    plus pour mon cirurgien ou ma blanchiseuse pour un
    mois 5 #

    plus a monsieur bonhomme a conte de ce que je dois
    a madame de rua 5 # 5
    plus jay done audit sieur bon homme qui ma fait
    receu a conte de ce que je dois a madame de rua
    de cinquente cinq livres [illisible] luy ay done
    comptant 10 #


    (en marge du document, en haut de la première page) :

    Je suis parti davignon le cinquieme avril et ay porte de 50 #
    plus jay recu a montpelier de monsieur pujol a conte des
    mortes payes de lannee 1643 150
    plus jay recu dudist cent nonante quatre a conte des
    mortes payes de la susdite annee 1643 194
    plus le 27 may jay receu de monsieur le grefier pour
    reste et entier payement des morte payes de
    lannee 1643 236

    etc.etc.

  • En deux feuilles recto-verso, un petit condensé de la vie locale au printemps 1644.

    On y voit un avignonnais qui possède des créances sur un hobereau languedocien... et décide de les encaisser. Ce qui nous vaut un défilé de grands et petits personnages : postillons, aubergistes ou "hostes", procureurs, avocats, trésoriers, notaires, intendant et prévôt, avec leurs clercs, huissiers et archers, mais aussi lingère, blanchisseuse, tailleur, cordonniers, apothicaire, enfin "chirurgien" - mot qu'il faut sans le moindre doute comprendre comme "barbier".

    Quelques traits de la vie d'Ancien Régime nous sont ainsi rappelés : la lenteur des déplacements - un jour entier pour aller d'Avignon à Montpellier - mais qui est compensée par l'extraordinaire réactivité de la justice, à qui il ne faut que quelques jours pour rendre exécutoires des titres. Et les sanctions sont lourdes : le non-paiement des dettes peut provoquer l'incarcération, la fameuse "contrainte par corps".

    On croise également le système monétaire d'Ancien Régime, avec sa monnaie de compte - la livre - qui n'est représentée par AUCUNE monnaie réelle, puisque les pièces en circulation s'appelent louis, liard, florin, patas et bien d'autres noms, sans oublier l'écu qui peut être d'or, d'argent, ou "au soleil", et ont toutes des valeurs différentes suivant leur poids, leur période d'émission...

    Ici on voit que notre avignonnais est rompu à cette jonglerie - il paye ses dépenses avec des testons, et n'oublie pas que cette monnaie vaut un peu moins d'une livre : exactement 19 sous et 6 deniers, soit 19 sous et demi. Or il faut 20 sous pour faire une livre....

    Il détient aussi un petit stock d'écus "au soleil", qui valent non pas 3 livres comme les écus ordinaires, mais 5 livres 5 sols.

    Un autre indice révèle le financier avisé : étant sur le point de récupérer une créance de 1.355 livres, au lieu de rembourser Madame de Rua dont il est débiteur, il traite en parallèle un remboursement échelonné avec elle et prête 1.000 livres à un tiers !

    Et bon père de famille avec cela, chaque fois qu'il lui reste un excédent en bourse, il l'envoie à sa femme....

    Reste la question de la "violete". C'est ce que je lis sous cette graphie répétée 4 fois dans le texte. Et j'avoue ne pas comprendre ce que peut être cette "violete" qui nécessite la confection d'un habit et l'achat de bas et de souliers. Et d'envoyer une somme de 26 livres à sa femme pour le même motif. En résumé, pour ce point, mystère !!!!

  • Les dépenses mentionnées pour la "violete" ont trait, soit à des cours de danse qui nécessitent un habit adapté,
    soit il s'agit de cours de musique, et dans ce cas, à mon avis (c'est le mien et je le partage ;-)) la mention au bas de la troisième page : "j'ai payé un tailleur qui a fait l'habit de la "violete" correspond à la confection d'une housse pour un instrument de musique à cordes de la famille des violes, peut-être une viole de gambe.. :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Violette_(instrument_de_musique)

  • Très plausible ! L' "habit" serait la housse, et la violette, une viole de gambe ou assimilée. Et de beaux bas et de beaux souliers car c'est essentiellement ce que l'on voit de l'instrumentiste ! Cf d'ailleurs, comme tu le dis si bien, "Tous les matins du Monde"....

    Restent deux question : d'abord, pourquoi faire faire une housse à Montpellier ? Va pour la médecine et plus particulièrement apothicaires et pharmacopée, mais Montpellier n'était pas particulièrement réputé pour ses luthiers...

    Enfin, et surtout, ultime interrogation ; Michel, où as-tu déniché ce petit trésor ?

    Petit détail : dans les années 1640, l'un des trois greffiers de la Cour des Aides de Montpellier s'appelait Pujol. Nom cité à deux reprise dans le document.

  • Cette lettre est passée en vente sur le net je ne sais plus où ni quand. La qualité des reproductions illustrant sa fiche m'avait convaincu de les récupérer compte tenu de l'intérêt apparent de leur contenu. Elles ont attendu un 5 avril...

  • Dans le lexique de l'ancien français, on trouve :
    1. violete, s. f., drap violet.
    2. violete, s. f., dim. de viole, instrument de musique.

  • Très heureuse initiative ! Dommage que du coup la piste s'arrête, on ne sait donc pas l'identité de l'avignonnais, personnage central de l'affaire.

    Les archives de la Cour des Aides de Montpellier sont très lacunaires pour l'époque.... dommage. Peut-être à Avignon avec la famille de Rua ?

  • J'ai bien scruté la fiche de vente pour trouver des infos, mais il n'y en avait pas.
    Il eut fallu entrer en contact avec la maison de vente ou le vendeur... et encore.

  • Mais qu'est-ce qui nous prouve que l'auteur est avignonnais ? je n'ai rien noté de tel dans son texte.
    Il pourrait aussi bien être venu de Marseille (par exemple) et faire un séjour à Avignon pour visiter de la famille, avant de d'aller à Montpellier pour régler son affaire avec le sieur de Sainte-Colombe......

  • Oui mais il faudrait supposer que son séjour familial, s'il a existé, ait duré plus d'un an, car le seul évènement notable de 1644 qu'il consigne dans son mémoire est ce double voyage montpelliérain, au départ d'Avignon. Qui est bien sa "base" puisqu'il écrit "mon laquais que jay envoye a avignon pour remmener mes chevaux" et ne détaille pas ses frais de séjour dans la ville pontificale.

    De toutes façons, avignonnais de souche ou pas, il est probable que l'auteur restera anonyme ! Sauf à tomber un jour sur une convention axec Mme de Rua.

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