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Simboulisme arquèmi au palais dóu Roure

Symbolisme alchimique au palais du Roure
Alchemical symbolism at the Roure palace

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Le fronton de la porte cochère du palais du Roure présente le blason des Baroncelli accosté de deux personnages sur un fond de feuilles de vigne ou de mûrier* semblant porter ce qui pourrait être une couronne ou un heaume.
Il est entouré d'un réseau de branches entrelacées auxquelles ne restent attachées que quelques feuilles dans ses parties inférieures. C'est là l’allégorie de l’ "arbre sec" — hiéroglyphe de l'inertie métallique connu des alchimistes — qui reverdit avec l’aboutissement du travail.
Les rares feuilles que l'on voit sur le bas des branches indiqueraient un figuier — aux nombreux symboles bibliques dont celui du temple de Jérusalem. Cette renaissance de l'arbre sec pourra être rapprochée de la vitalisation alchimique, dite "animation de l'or". Il faudra remarquer également l'effet miroir entre les parties gauche et droite qui pourrait prêter à analyse symbolique.
Dans le vestibule du palais, les six culs-de-lampe des croisées d'ogive représentent des plantes qui auraient également une symbolique alchimique.

* Du temps des papes, se trouvait ici la taverne de l'Amourier ou du Mûrier.
Jean-Michel Mathonière voit en fait dans ce fond un classique déchiqueté.

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Chardon

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Chêne

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Acanthe

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Vigne
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Figuier
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Indéterminé
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Commentaires

  • l'arbre sec l'avait déjà rencontré dans un texte (mais n'avais absolument pas fait la relation avec ce fronton - bravo Michel

  • Pierre Baroncelli était à la fois changeur et marchand, proche du cardinal della Rovere et du pape Sixte IV qui le nomma trésorier du Comtat. Son métier était de faire de l'or...

  • Le blason des de la Rovère est ainsi décrit : "d'azur au rouvre d'or aux rameaux passés en sautoir", ce qui correspond aux branches de ce fronton, le sautoir étant un croisement en X.
    Mais les feuilles du bas ne sont manifestement pas des feuilles de chêne rouvre...

  • Dates-clés :

    1469 : Pierre Baroncelli — agent du cardinal Julien de la Rovère — rachète la maison de son beau-père (la maison de la taverne de l'Amorier) ainsi que deux autres petites maison contigües le long de la ruelle qui les sépare du collège du Roure*. C'est sur l'emplacement de ces trois maisons qu'il fera édifier son hôtel, l'actuel palais du Roure.

    1499 : le chantier de construction est à son terme. Pierre Baroncelli est décédé en 1498. Son fils Julien épouse Sixte de Lucques, fille de Franciotti de Lucques et Lucchine della Rovere. C'est la nièce du cardinal Julien de la Rovère. À partir de cette époque le blason della Rovere entre dans les lieux.

    Durant la Révolution française, l'hôtel de Baroncelli ne fut pas saisi, son propriétaire n'ayant pas émigré. Il fut le siège du Comité révolutionnaire, puis un logement pour généraux. Au début de l'Empire, les Baroncelli retrouvèrent la libre disposition de leur hôtel et la conservèrent jusqu'en 1907. Il fut le siège de 1891 à 1899 du journal l'Aioli fondé par Frédéric Mistral dont Folco de Baroncelli était secrétaire de rédaction. À partir de 1918 apparaît Jeanne de Flandreysy. Mais ceci est une autre histoire...

    Source principale : Joseph Girard "Évocation du vieil Avignon" 1958.

    * Le collège du Roure fut fondé en 1476 par le cardinal Julien de la Rovère sur l'emplacement de l'ancienne livrée de Poitiers, actuel hôtel de la Préfecture.

  • Deux remarques tout d'abord :
    — en ce qui concerne les culs-de-lampe du vestibule, je pense que le troisième représente non pas le figuier mais l'acanthe, tandis que le cinquième représente justement le figuier, dont on reconnaît parfaitement le fruit. Le dernier est trop dégradé pour faire une hypothèse sur une simple photo.

    Ensuite, je suis pour ma part tout à fait perplexe quant à une interprétation alchimique. Le confinement t'aurait-il amené à (trop) relire Fulcanelli ? Il ne fait toutefois absolument aucun doute que l'arbre sec ici représenté est un figuier (je ne vois aucune feuille de vigne ou de mûrier près de l'écu, disposé sur un déchiqueté et surmonté d'un heaume). Et que dans un contexte chrétien, ce symbole renvoie à l'épisode narré par Matthieu :

    « Or le matin, comme Jésus retournait à la ville, il eut faim. Et voyant un figuier sur le chemin, il s'en approcha, mais il n'y trouva rien que des feuilles, et il lui dit : Que jamais aucun fruit ne provienne plus de toi ! et à l'instant le figuier sécha.
    Et voyant cela les disciples s'étonnèrent et dirent : Comment ce figuier a-t-il séché à l'instant ?
    Et Jésus répondant leur dit : En vérité, je vous le dis, si vous aviez de la foi et que vous ne doutiez point, non seulement vous feriez ce qui a été fait au figuier, mais si même vous disiez à cette montagne : Ôte-toi de là et te jette dans la mer, cela se ferait. Et tout ce que vous demanderez dans la prière avec foi vous le recevrez. » (Matthieu, 21.18 à 21.22).

    Je ne m'aventurai pas dans l'interprétation chrétienne de ce passage. Mais je ne vois dans le cas de l'ornementation du portail du palais du Roure aucun symbole complémentaire qui appellerait une interprétation à caractère alchimique. Ayant débuté ma carrière à Bourges dans le Palais Jacques-Cœur, je reste toutefois ouvert à des arguments en cette faveur.

  • Merci Jean-Michel pour ton avis éclairé : l'acanthe me paraît cohérente et je n'avais pas vu la figue !!! o.O
    Je corrige.

    Pour tout ce qui touche à la symbolique alchimique on ne peut qu'être, tout au moins pour ma part, circonspect...
    Elle a été décelée sur ce fronton par le dit Fucalnelli et cette interprétation m'interpelle à cause de la fonction de Pierre Baroncelli de changeur et de trésorier : faire de l'or en quelque sorte !

    Je pense qu'il y a, derrière les deux personnages, eut égard à la régularité de la découpe et plutôt qu'un simple déchiqueté : des feuilles. Certains disent mûrier.
    Quant au figuier biblique, il serait le symbole du temple de Jérusalem selon d'autres. Du second temple sans doute... Reconstruction, renaissance. Le Roure est bien un temple de la culture provençale, non ?

  • Je persiste pour le déchiqueté : j'en ai vu toute une collection récemment pour répondre à une commande de création de blason (des français, des anglais et des allemands) et je ne vois là rien qui puisse m'évoquer autre chose, et en tous les cas pas de feuilles.

    Pour ce qui est de Fulcanelli et de ses interprétations, qui ont bercé ma post-adolescence, je le laisse aujourd'hui sur une étagère "morte" de ma bibliothèque, à côté de Grasset d'Orcet, l'un de ses maîtres. Il y a du vrai, mais il y a beaucoup trop de sur-interprétation. Et surtout pas assez de lecture emblématique tout simplement chrétienne, omniprésente et occupant le premier plan dans la société de cette époque.

    Je ne fais aucun lien non plus entre le figuier et le temple de Jérusalem.

    Bonne journée de confinement ! J'imagine que comme moi, il te reste beaucoup de livres à lire et relire. Voire à écrire !

  • Je sais bien que j'ai tendance à faire moi-même de la surinterprétation !
    C'est une façon d'explorer des pistes et de susciter la contradiction.

    Sébastien Doane fait remarquer dans "Mais d’où vient la femme de Caïn. Les récits insolites de la Bible." (Médiaspaul, 2010) : « Le récit du figuier stérile est séparé en deux : la narration commence avec les versets 12 à 14, et se termine avec les versets 20 et 21. Entre les deux, on retrouve la scène de la colère de Jésus au Temple (Marc 11,15-19). » Le lien est fait dans l'emblématique chrétienne.

    Quant aux livres, oui, il m'en reste beaucoup ! Mes publications quotidiennes m'occupant aussi beaucoup, c'est souvent une raison d'en ouvrir.

  • Mea culpa : il est vrai que dans les évangiles de Marc et de Matthieu, l'histoire du figuier stérile se situe entre le moment de la visite au Temple de Jérusalem et celui de l'épisode des marchands chassés.

    Toutefois, à bien y réfléchir, il ne me semble pas certain que notre figuier du portail du palais du Roure fasse allusion à ce figuier-là, qui est un thème très négatif et nous montre d'ailleurs un Jésus punisseur. Le figuier apparaît en fait à plusieurs reprises dans la Bible et, pour ce qui concerne le seul Nouveau Testament, le fait qu'il n'est ici pas totalement sec puisqu’il possède des feuilles à sa base, me semble plutôt le mettre en rapport avec deux autres figuiers néotestamentaires : celui du figuier stérile, rapporté par l'évangile de Luc (13:6-9), et celui du figuier en bourgeons, rapporté par Matthieu (24, 32-35), Marc (13, 28-31) et Luc (21, 29-33). On confond souvent les deux thèmes et, à mon avis, nos anciens le faisaient également, peut-être par recherche d’analogies. Le thème du figuier stérile, que le paysan propose à Jésus de ne pas abattre tout de suite mais d’engraisser, est d'ailleurs sans doute à mettre en relation avec celui du figuier que finalement Jésus dessèche parce qu’il ne produit pas de fruits.

    C’est le thème du figuier en bourgeons qui me semble en fait totalement correspondre à celui représenté au Roure. Nous sommes là dans une perspective apocalyptique tout à fait en accord avec l’expression de la foi du commanditaire du portail en l’avènement du Christ. En voici le récit d’après Luc (21, 29-36) :

    29 Et il leur dit cette parabole : « Voyez le figuier et tous les autres arbres.
    30 Regardez-les : dès qu’ils bourgeonnent, vous savez que l’été est tout proche.
    31 De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche.
    32 Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas sans que tout cela n’arrive.
    33 Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.
    34 Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste
    35 comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.
    36 Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

    Comme il était sans doute assez difficile de figurer des bourgeons, qui n’auraient guère permis d’identifier l’arbre, le sculpteur aura à mon avis choisi de représenter quelques feuilles en bas.

  • Pratiquement tous les déchiquetés des XVe-XVIe siècles traitent l'étoffe servant d'ornement au heaume comme une forme de l'acanthe servant d'ornement au chapiteau corinthien ou composite. Ce n'est pas seulement parce que c'est graphiquement pratique, c'est aussi parce qu'il y a un lien évident entre des deux via le symbolisme de la tête.

  • Eh bien, l'acanthe de mon jardin est en train de sortir une fleur, pour la première fois cette année.
    Ça doit être un signe...

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