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L'avugle

L'aveugle
The blind man

« À la fin de la guerre, il n’y avait à Avignon qu’un seul mendiant respecté et "patenté" en quelque sorte. Il avait ceci de particulier : il était propre. Tiré à quatre épingles dans son costume clair et sa cravate grise, les cheveux blonds et bien peignés. Il avait un seul
défaut : il était aveugle.
Durant plusieurs années, il est resté, là, rue de la République, devant le Crédit Lyonnais, avec sa canne blanche, ses yeux blancs invariablement fixés à quarante-cinq degrés vers le sol. Il me laissait toujours un sentiment amer, et en l’observant je sentais une tristesse montée en moi. Le bon Dieu n’était pas juste ! Après cinq heures d’immobilité et de silence, rompu seulement par le "merci madame" ou le "merci mon petit" qu’il adressait sans jamais se tromper à son donateur, – don exacerbé des aveugles – il avait gagné le droit de se tenir debout : face au destin qui le frappait, il avait su rester grand.
Il m’est souvent arrivé de lui donner une petite pièce.
Un soir, une vieille dame s’approcha de lui, lui prit le bras, sans mot dire, et je les vis partir tous deux. C’était la mère venant chercher le fils pour retrouver un domicile chauffé. »
Robert Garcia Avignon, j’ai grandi avec toi 2015.

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