Avignon en 1943 (ou presque...)
Avignon in 1943 (or nearly...)
« Une curiosité vient de me tomber sous les yeux (par forum aéronautique interposé), c'est un film anglais consacré au soutien de la RAF à la Résistance française... Il serait sorti en France en 1947 sous le titre "Maintenant on peut le dire".
Visible sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=PFcFZuvZiIk
Le début du film fait allusion au "D Day", le tournage, manifestement hivernal, est donc postérieur à 1944... Maintes scènes urbaines françaises sont tournées à Avignon (à partir de 20"), on reconnaît la place de l'Horloge, celle des Châtaignes, le "Café du Vieux Théatre" (superbe panneau "Hôtel d'Europe" dans le coin...) et même le Petit Palais et le calvaire de la Cathédrale ! Quand les Allemands localisent le poste de radio clandestin, ils le situent "place Carnot" - que l'on a aperçue un peu avant. Plus loin, j'ai cru reconnaître le carrefour des rues Joseph-Vernet et Victor-Hugo, ainsi que la rue de l'Hôpital à Villeneuve... Çà et là, on lit des choses sympathiques sur les grilles ou devantures, comme "Cours Pigier" ou "Cycles Souvet"...
En marge de l'aspect "local" de ce film, on peut aussi noter que les acteurs sont en fait de vrais héros de guerre, à commencer par l'actrice principale au charme un peu glacial, Jacqueline Nearne, qui fut un des "courriers" pour différents réseaux du Centre de la France en 1943. »
Alain Breton
(À mon avis on voit aussi la rue Guillaume-Puy...)
Commentaires
Merci Alain Breton de nous faire partager cette découverte ! A voir et revoir...J'ignorais que Chez Calixte (le Bar du Vieux Théâtre) se nommait Chez Bourret à l'époque. Et que Tendil (le père du champion de boxe) qui tenait un magasin de cycles à L'Isle en avait un à Avignon (enseigne Cycles Souvet). Et le Bar Carnot ! Dans son dernier ouvrage (Vichy, la pègre et les nazis) Isaac Lewendel le décrit comme un point de rendez-vous de la pègre collaborationiste. La place du Palais était creusée de tranchées de défense passive (comme la place Pie). On ne semble pas les voir sur le film qui est donc postérieur à leur rebouchage qui date de la Libération. Je n'ai pu identifier l'entrée où ils se rendent, avec la grille en fer forgé. Ni bien d'autres lieux...
Encore merci !
quelle trouvaille ! vais tenter de trouver temps de regarder avec arrêts pour mieux voir
L'entrée semble être entre la crêperie et le salon de coiffure, place des Châtaignes, plus précisément rue Peyrollerie. Ces rez-de chaussée ont été modifiés. Mais j'ai un doute faute de reconnaître, justement, le tracé de cette rue.
Sur cette période de l'Occupation, à côté de l'ouvrage incontournable de Lewendel (avec notamment la citation des magasins spoliés aux juifs, les adresses des locaux et lieux-nombreux dans le quartier Carnot-Carreterie-dévolus aux vichystes et gestapistes-), il faut lire "D'une petite rafle provençale...". Nelcya Delanoë, au terme d'un remarquable travail de recherches, y décrit le quotidien de Villeneuve lez Avignon (images dans le film, comme le signale AB) sous la botte de l'occupant.
Le film étant un peu long, je n'ai monté que les scènes avignonnaises ou susceptibles de l'être. Il y a probablement plusieurs scènes qui n'ont pas été tournées à Avignon, mais à l'extérieur. Dans le doute, je les ai laissées. (Plusieurs scènes ont été tournées à Villeneuve : on reconnaîtra la rue de l'Hôpital.)
Pour ce qui est de l'entrée avec grille en fer forgé, il s'agit de la porte qui est entre la crêperie Le Cloître et le petit salon de coiffure (au n°9 place du Cloître St-Pierre).
Je pense Place des Châtaignes pour la Grille.(Balcon en hauteur et cintre de la crêperie)Il semble sur ces images que notre ville aujourd'hui à reçue un grand coup de peinture
Mais merci à AB j'adore cette époque et ses récits.
Me Guillemet qui habite Rue Pasteur grande résistante m'a raconte beaucoup de leurs faits
Avignon a résisté en silence mais efficace ...(bravo encore à nos cheminots)
La place des Châtaignes est un petit peu plus bas vers la place Carnot.
Mais il est vrai qu'il était courant que les gens du quartier (moi le premier) appellent "place des Châtaignes" la place du Cloître St-Pierre... :D)
Effectivement, ce doit être la rue Guillaume Puy que le héros parcourt à vélo à 1'10" dans le montage de Michel.
On voit aussi :
- 1'35" : église de Pujaut, avec des affiches du Maréchal et du STO (affiche connue, avec un texte dans le genre "en allant travailler en Allemagne, tu seras l'ambassadeur de la qualité française...")
- 2'16" : je n'ai pas identifié le site du "poids public", pas plus que la place de la très brève scène suivante avec une première camionette de radio-goniométrie, la seconde étant devant le cours Pigier.
- 2'35" : la scène du couvre-feu est aussi à Pujaut, avec les commentaires des autochtones "en français dans le texte" !!! Pour ceux qui visionnent le film en entier.
Pujaut est d'ailleurs le site de l'aérodrome de fortune, et d'autres scènes (le contrôle du camion) sont tournées au pied du village - panneau indicateur Tavel d'un côté, Villeneuve les Avignon de l'autre...
- 3'07" : carrefour des rues d'Annanelle et Joseph Vernet.
Amusant, aucun des "anciens" autour de moi n'avait entendu parler de ce tournage...
Laissant aux spécialistes la reconnaissance des lieux, je voudrais surtout dire un grand bravo pour avoir trouvé ce document et merci à toi Michel de nous permettre de le partager.
Amusant, aucun des "anciens" autour de moi n'avait entendu parler de ce tournage...
Je reprends votre phrase pour vous dire que Weis Co auteur de Lewendel ne trouvait aucune photos de cette période ( militaires allemands et scènes de leur vie courante ).
Par contre Michel Cherinian a offert une belle collection aux archives
C'est bien au 9 rue de la Peyrollerie "entre la crêperie et le salon de coiffure", comme le précise Lou Ravi, que les deux hommes pénètrent au début de la séquence sur la vidéo
http://goo.gl/maps/doFxw
Je me demande, Tilia, s'il s'agit du 9 rue Peyrolerie ou du 9 place du Cloître St-Pierre...
Je compte sur tes talents de détective, parce que, ce n'est pas clair du tout... :D)
Théoriquement, la rue Peyrolerie s'arrête à l'angle de la place du Cloître St Pierre.
Les pages blanches/jaunes, réputées très à cheval sur la problématique des adresses postales, donne le resto La vache à carreaux au 14, rue Peyrolerie, pendant que le Nem, presque en face, est au 7, place du Cloître St Pierre - la crêperie étant bien au n° 9 de la même place du cloître SP.
Et bien entendu, tout à côté de la crêperie, NB coiffure est au n° 11... mais de la place des Châtaignes ! qui est aussi l'adresse de Trouillas, au n° 14...
On peut toujours s'en tirer en disant que tout le monde aura compris où se passe l'action... Amusant aussi de voir l'arc en plein cintre surmonté de tuiles, c'est toujours la devanture du Nem...
Un sac de noeuds ces adresses...La grille: il me smble qu'il y en a toujours une mais ce n'est pas celle que l'on voit dans le film. Les Bottins des années 50 signalent un serrurier (Tramier) au "9 cloître Saint-Pierre". Jean-Denis Longuet dans ses souvenirs nous parle du serrurier Tuton..
Le poids Public: octroi ou marché agricole ?
Je sèche en ce qui concerne la place Cycles Souvet-Tendil...
moi je sèche très souvent mais oui près de Saint Pierre (seulement moi je ne connais pas les noms) et oui Villeneuve, et puis bien entendu la place de l'horloge et le petit palais
Souvet c'est rue Florence/St Jean le Vieux. Remplacé par le Crédit Foncier. Reste le petit pavillon couvert d'une balustrade.
Merci, reste effectivement le petit pavillon qui permet de localiser plus facilement. L'aspect documentaire du film réside pour moi dans l'allure générale des gens: pas de bourgeois, peu de voitures. Mises modestes avec manteaux peu seyants, fichus, pantalons trop courts et tenues pour bicyclettes. Cabas, sacs à commissions, banastes montées en porte-bagages sur les vélos : le rationnement est là et l'on se balade toujours avec de quoi faire quelque provision si l'occasion se présente. La ville se remet lentement des privations et des bombardements.
Au sortir de la maison de la place St Pierre, le heros saute sur son velo... Le geste pour rentrer le bas de pantalon dans la chaussette, côté de la chaîne... C'est passé de mode !!
Désolée pour le retard, mais je pensais que vous auriez vu la plaque de rue apposée sur le mur de la maison :
http://goo.gl/maps/QOgf1
c'est bien le 9 rue de la Peyrollerie, même si la maison se trouve au niveau du Cloître Saint Pierre.
J'ai trouvé ceci: années 50, au n°9 (que nous montre Tilia) était l'entreprise d'électricité Tramier. Mme Tramier est aujourd'hui décédée et ce serait sa petite-fille la propriétaire. Je ne sais s'il y a un lien avec Elie Tramier avocat et érudit avignonnais. Les recherches continuent...
J'ai trouvé ceci: années 50 au n° 9 (que nous montre Tilia) il y avait l'entreprise d'électricité Tramier. Mme Tramier est décédée et ce serait sa petite fille la propriétaire. Je ne sais s'il y a un lien de parenté avec Elie Tramier qui fut avocat et érudit avignonnais.
Les recherches continuent...
J'oubliais ceci: Elie Tramier fut aussi Conseiller général (années 60). Mais je n'ai aucune certitude sur son lien avec l'entreprise d'électricité.
En 1900, il y a :
— le cloître St-Pierre
— la rue St-Pierre
— la place St-Pierre
— la rue de la place St-Pierre
— en plus de la place des Châtaignes, bien entendu.
La rue Peyrollerie ne va pas plus loin que le n°5 côté impair.
Elle s'arrête donc logiquement avant le Nem, le 5 étant en face du n°14.
J'ai trouvé :
1900 — J. Drujon, serrurier-électricien, 5, place des Châtaignes.
1924 — Tramier Louis, serrurier, 5, place des Châtaignes.
1924 — Giraud et Bécarud, électriciens, cloître St-Pierre.
Bravo Michel pour cette découverte... mais il s'agit d'une reconstitution pour un film, donc après la libération.
Il n'en reste pas moins que les images sont étonnantes et remuent de vieux souvenirs.
Mon enfance a été "bercée" par ces évènements et je ne peux pas y rester insensible.
Merci encore.
François
Les Tramier devaient posséder tout l'immeuble puisque j'ai trouvé l'entreprise au n° 9 et que l'on m'a confirmé cette présence. Ils ont bien dû donner leur accord pour les courtes scènes où l'on pénètre chez eux. Je pense que les intérieurs ont été tournés en studio. Je ne connais pas les règles de tournage de l'époque. Si elles étaient celles d'aujourd'hui on devrait trouver la trace, dans les archives d'Avignon et Pujaut, des autorisations de tournage. La Commission du film 84 n'a pas recensé ce film semble-t-il. Mais il est vrai que ce n'est pas un long métrage et que c'est un film étranger.
Je vous vante pour votre paragraphe. c'est un vrai œuvre d'écriture. Développez
Quelle trouvaille cette vidéo !! La maison en question (située place du cloître saint pierre) est celle de mes arrières grand parents et est toujours dans la famille (Tramier je confirme). Je suis en train de questionner ma grand-mère qui y habitait encore en 1943 pour savoir si elle se souvient de ce tournage ! C'est incroyable !!!
Bienvenue ici Cyrielle !
N'hésitez pas à nous conter les souvenirs de votre grand-mère...
Amusant de voir que cet échange vieux de plus de deux ans revient sur le devant de la scène...
Amusant parce que je viens juste d'identifier un des sites qui m'intriguaient le plus, celui où le héros pousse son vélo sur une voie qui monte un peu, au sortir d'un village dominé par une grande église à dôme (27'15" dans le film original, grande pub Cinzano en arrière).
C'est sans l'ombre d'un doute Lambesc. Ce qui montre que, de Lambesc à Pujaut, le réalisateur n'a pas hésité à déplacer ses équipes sur une importante distance.
Et on attend des nouvelles de la grand-mère de Cyrielle !
Bonjour, ça fait un bail mais je retombe sur cette page! Alors j'ai demandé à ma grand mère qui malgré ses 93 ans a une mémoire d'éléphant et jamais personne n'ont demandé l'autorisation pour tourner ces images dans notre maison de famille...
Elle a visionné ça et m'a confirmé que ça avait sûrement été fait comme ça, par hasard.
La maison appartient encore à la famille, mais nous n'avons pas de liens avec le fameux Elie Tramier dont vous parlez plus haut.
Merci Cyrielle pour ce témoignage !