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renée reynaud

  • Renée

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    Renée Augusta Marcelle REYNAUD
    (Avignon 27/11/1926 - Avignon 30/12/1996)
    Photo Julien Charlon ▲

    Liste des publications :
    http://biblio.shmesp.fr/index.php?q=auteur:(Marcelle-Ren%C3%A9e+Reynaud)

    À la bibliothèque Ceccano :
    https://ssbib.bm.avignon.fr/in/faces/details.xhtml?id=p%3A%3Ausmarcdef_0000204740

    Lire "Le temps des princes" :
    https://books.openedition.org/pul/18802

    Lire "Itinéraire de Louis II d'Anjou-Provence" :
    http://provence-historique.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/PH-2004-54-215_05.pdf

    Lire les souvenirs de Robert Garcia :
    http://avignon.hautetfort.com/archive/2018/01/14/renee.html

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  • Renée

    « Malgré les années, semblable à Cyprienne et pourtant fort différente, Renée, une dame à l’antique, habillée de noir, le corps ceinturé par plusieurs couvertures, – une momie avec ses bandelettes – chargée comme un baudet portant un énorme baluchon autour du cou, et à la main, quantité de sacs de papier, elle erre à travers les rues de la ville, telle une morte vivante, et qui pour s’épuiser, n’a de cesse de toujours marcher davantage.
    Mendiante ? Non ! Chanteuse ? Non ! Elle ne chante pas : elle souffre. Une pitoyable femme aux longs cheveux blancs, avec de grands yeux noirs tristes pleins de noblesse renfermant toute la misère du monde, telle Sainte Marie-Madeleine, à Florence, la sublime sculpture sur bois de Donatello, au regard inoubliable.
    Elle fut voilà plus de trente ans, une enseignante qui tentait d’apprendre à de futurs hommes la bonté et le respect des autres. Sa récompense : sa fille de seize ans, violée, torturée,  assassinée.
    Elle n’a pas résisté. Elle cherche jour et nuit, dans toutes les rues de la ville, une fille dont son cœur n’accepte pas la disparition, et dans cette recherche son corps a sombré.
    — Comment allez-vous, Madame ?
    À ce mot presque oublié de Madame, elle se retourne, m’observe,se redresse et retrouve toute sa dignité, comme pour me remercier de la sortir durant peu de temps, de cet isolement dans lequel tout le monde la plonge.
    — Oh ! Vous savez, Monsieur, c’est très dur en ce moment, avec cet horrible froid !
    J’entrai dans un nouveau monde, pathétique, pitoyable.
    — Quand je dors à la gare, au milieu de mes cartons, eh bien Monsieur, même là, on essaye de me voler. Tenez, la semaine dernière, c’est un voyou qui m’a frappée, m’a projeté dans les yeux le gaz d’une bombe lacrymogène pour mieux me voler. Regardez mes yeux, ils sont encore tout rouges !
    Renée, elle se prénomme Renée avait un mari, – elle l’a toujours – avait une fille – elle ne l’a plus. Elle vivait dans une très grande maison. Depuis la disparition de sa fille, Renée n’est plus jamais retournée chez elle. Vingt ans ont passé. En errance perpétuelle, elle court après toutes les jeunes adolescentes, croyant toujours avoir aperçu le dos de sa fille. Son mari, lui, qui sait qu’il a "perdu" sa femme, vient souvent la voir à la gare, pour l’aider à faire une maigre toilette.
    — Chateaubriand était comme moi, il cherchait sa sylphide. Lui aussi a connu la souffrance, l’exil hors de lui-même. Et moi, je suis là, toute seule. Ma fille me cherche et ne me trouve pas. Je la cherche et ne la trouve pas. J’en mourrai ! »
    Robert Garcia Avignon, j’ai grandi avec toi 2015.

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    Madame Reynaud
    Photo Alain Lesur

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