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Avant que le fléau ne s'abatte sur ce quartier et que ses plateaux soit détruits
Sur cette photo, datant probablement elle aussi de 1955 l’îlot central de La Balance est déjà démoli. Au premier plan on voit bien la « terrasse-casquette » et la mise à distance (du rempart) réglementaire du bar le Tout Va Bien. Probable palissade à gauche : les travaux d’aménagement des abords du nouveau pont, qui a remplacé le pont suspendu, ne sont pas terminés. Les traces sur la chaussée: peu de véhicules entrent et sortent de la ville. Autocar (déjà Bouisse ?) pour la rive gardoise à côté du bâtiment de pesage de l’ancien octroi. Le bar accolé aux remparts, tournant le dos au Tout Va Bien est toujours là. Sous le platane la terrasse de chez Calixte (Bar du Vieux Théâtre) est déserte.
En 1929 Louis Gros, député socialiste, était élu maire et mettait aussitôt en train un projet "d’assainissement" de La Balance. La ville se porta acquéreur d’un certain nombre d’immeubles et les premières démolitions eurent lieu en 1932. Le dégagement de l’espace central que l’on voit au milieu est plus tardif mais certains immeubles auront déjà été démolis dans les années 40 : « n° 3 rue Calvet, 24, 26, 29 rue Balance, 24, 26 rue des Grottes, 3,5,7 et 11 rue Fonderie ». Louis Gros, devenu Sénateur en 1935, participera aux travaux qui aboutiront au décret-loi de 1936 relatif à la destruction des taudis et qui permettront plus tard de raser des immeubles entiers. Dans un des ouvrages administratifs qu’il a rédigé sur notre ville, Marius Lechalier, secrétaire général de la mairie, rappelle aussi le rôle, aux côtés de Louis Gros, du Docteur Pélissier (directeur du bureau municipal d’hygiène). Le projet de démolition rédigé en 1938 « verrait la disparition des maisons inhabitables » que le rapport qualifie de «tanières» (sic). Cette insalubrité manifeste, qui était peut-être entretenue, justifiait-elle la destruction de constructions de caractère, chargées de toute une histoire ?
Sur la photo, près de l'espace qui a été rasé on devine une tour, peut-être celle déjà vue sur d'autres photos. Les vieilles pierres n'étant pas mon fort quelqu'un (suivez mon regard !) pourrait-il me dire ce que c'est, merci ?
Ces vues patrimoniales sont très belles.
Extraordinaire cliché, en effet. Le fourmillement des toitures, toutes à des niveaux différents, toutes avec des pentes particulières, évoque celles qui "montaient à l'assaut du Palais" , comme le disait Gagnière à propos d'un dessin fameux de Martellange. En 350 ans, rien n'avait bougé, et puis en l'espace de quelques décennies... crac.
Lou, en effet, le point de départ de l'opération, sous le premier mandat de Louis Gros - qui trouva en Louis Nouveau un digne continuateur - était un rapport sur l'insalubrité du quartier, avec un taux de mortalité nettement supérieur à la moyenne de la ville. Rapport qui avait bien entendu pour auteur le médecin attaché au bureau municipal d'hygiène...
On peut se questionner sur les données de ce rapport, vu que le même bureau municipal avait produit 30 ans auparavant d'autres statistiques, reportées sur un plan (Cf Archives Municipales), montrant que si la mortalité y était supérieure à la moyenne, c'était surtout place de la Madeleine qu'on trouvait des chiffres élevés. De plus d'autres quartiers, loin de la Balance, affichaient les mêmes valeurs...
Le doute subsiste donc sur les motivations réelles de l'opération... Et pour ma part, je souris (jaune) quand j'y repense, mettant la Balance en parallèle avec l'affaire du quartier du Panier à Marseille, dont on a accusé les Allemands, qui avaient bien d'autres exactions sur la conscience... mais ne furent que les exécuteurs d'un projet formulé bien avant leur arrivée, puisque des plans du quartier entièrement reconstruit, des quais du Vieux Port à la Vieille Charité, circulaient déjà dans les années 30 ! Visiblement, certains n'on pas tout perdu dans l'affaire.
Lou, des tours, on n'en manque pas sur ce cliché... Je vois bien la tour de Mirault à droite, dans l'alignement vertical de la tour de la Campane, mais est-ce de celle-là qu'il s'agit ?
concernant la destruction du quartier du Panier à Marseille je ne suis pas tout à fait d'accord avec la thèse de Alain Breton:
Considéré comme pauvre et insalubre, l'aménagement du quartier s'étendant sur la rive nord du Vieux-Port est critiqué dès le XVIIIe. Plusieurs projets de rénovation ont été ébauchés au fil des siècles. Durant la Seconde Guerre mondiale, un plan d’urbanisme est préparé par des architectes acquis à la cause de la « Révolution nationale » mise en œuvre par le régime de Vichy. Les premiers travaux débutent à l'automne 1942 :
« Suburre obscène, un des cloaques les plus impurs, où s'amasse l'écume de la Méditerranée (...) C'est l'empire du péché et de la mort. Ces quartiers patriciens abandonnés à la canaille, la misère et la honte, quel moyen de les vider de leur pus et les régénérer » — Louis Gillet, revue municipale du 21 octobre 19421
La partie située entre la rue Caisserie et le Vieux-Port est finalement détruite par décision des Allemands : ses ruelles sombres et pleine de recoins constituant un refuge pour les Résistants. Entre le 22 et le 24 janvier 1943, 30 000 habitants sont expulsés, plusieurs milliers de personnes sont arrêtées et envoyées dans les camps de concentration. Puis, maison par maison, les 1 500 immeubles sont dynamités, laissant un champ de ruines à l'exception de l'hôtel Echevin de Cabre, construit en 1535, la plus vieille demeure de la ville. Lors de la reconstruction du nouveau quartier de l'Hôtel de Ville, l'immeuble a été tourné sur vérins pour le placer dans l'alignement des nouvelles rues.
Mandaté par Laval, Bousquet demande le 14 janvier 1943 un répit d’une semaine afin de mieux organiser l’opération et de faire venir des renforts policiers. De plus, alors que les nazis se préparaient à se cantonner dans les limites du 1er arrondissement, Bousquet propose d’élargir l’opération à toute la ville. Selon l’historien Maurice Rajsfus, il demande ainsi la complète liberté d’agir pour la police française, qu’il obtient d’Oberg.
Selon l’historien Jacques Delarue, deux cents inspecteurs venus de Paris et ailleurs, quinze compagnies de GMR et des escadrons de gendarmerie et de gardes mobiles sont descendus sur Marseille. En tout, « douze mille policiers environ se trouvaient concentrés à Marseille » Le 22 janvier, le Vieux-Port est complètement bouclé. La ville est fouillée maison par maison, mis à part les quartiers résidentiels, durant 36 heures. « Au total, à la suite des dizaines de milliers de contrôle, près de 2 000 Marseillais (…) se retrouveront dans les trains de la mort. » écrit ainsi M. Rajsfus. 1 500 immeubles sont détruits.
Bilan humain de l'opération « Tiger » (estimations) : 1 642 transferts sur Compiègne le 24 janvier,782 Juifs déportés et exterminés à Sobibor, 600 « suspects » déportés à Sachsenhausen.(Source Cercle d'étude de la Shoah).
La préfecture des Bouches-du-Rhône publie un communiqué le 24 janvier 1943 :
« Pour des raisons d’ordre militaire et afin de garantir la sécurité de la population, les autorités militaires allemandes ont notifié à l’administration française l’ordre de procéder immédiatement à l’évacuation du quartier Nord du Vieux-Port. Pour des motifs de sécurité intérieure, l’administration française avait, de son côté, décidé d’effectuer une vaste opération de police afin de débarrasser Marseille de certains éléments dont l’activité faisait peser de grands risques sur la population. L’administration française s’est efforcée d’éviter que puissent être confondues ces deux opérations. De très importantes forces de police ont procédé dans la ville à de multiples perquisitions. Des quartiers entiers ont été cernés et des vérifications d’identité ont été faites. Plus de 6 000 individus ont été arrêtés et 40 000 identités ont été vérifiées. »
Le Petit Marseillais du 30 janvier 1943 ajoute :
« Précisons que les opérations d’évacuation du quartier Nord du Vieux-Port ont été effectuées exclusivement par la police française et qu’elles n’ont donné lieu à aucun incident. »
René Bousquet (en col de fourrure) entouré notamment de Bernhard Griese et du préfet Antoine Lemoine, à l'hôtel de ville.
Une photo, prise lors de cette opération et connue depuis le début des années 1970, montre Bousquet souriant, posant en compagnie du SS Bernhard Griese, chef de la police allemande dans la région, d’un officier supérieur de la SS, de Antoine Lemoine, préfet régional et de Pierre Barraud, préfet délégué à l’administration préfectorale de Marseille
Le quartier de l'Opéra. Les 22 et 23 janvier 1943, la rafle s'est étendue au quartier de l'Opéra où vivaient de nombreuses familles juives, en raison de la proximité avec la grande synagogue de la rue Breteuil. 250 familles ont été raflées, tôt le matin, avec une brutalité inouïe, les gens emmenés dans la tenue dans laquelle ils étaient au moment où les policiers ont franchi la porte, sans bagage ni objet personnel; les familles ont été séparées dès le moment de l'arrestation, et ne se sont jamais retrouvées.
Ce quartier était aussi celui de la pègre et du grand banditisme, dont les truands requis pour la Gestapo, ce qui peut expliquer la violence des sbires
"Visiblement, certains n'on pas tout perdu dans l'affaire."
Au total, à la suite des dizaines de milliers de contrôle, près de 2 000 Marseillais (…) se retrouveront dans les trains de la mort.
1 642 transferts sur Compiègne le 24 janvier,782 Juifs déportés et exterminés à Sobibor, 600 « suspects » déportés à Sachsenhausen
Je pense que la tour dont parle Lou est celle que l'on aperçoit au 2/3 de la hauteur de la photo, au milieu. Car cela ressemble bien à une tour Corinne D..
Guima, concernant Marseille, je ne conteste en rien la responsabilité des Allemands dans les rafles, déportations, atrocités diverses et autres exactions commises à Marseille, comme en bien d'autres endroits.
Mais je maintiens que l'opération immobilière était prévue et projetée depuis quelques années, celles qui ont immédiatement précédé la guerre, projet dans lequel Vichy et la Révolution Nationale ne peuvent être impliqués pour de simples raisons de chronologie. Et projet qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à l'opération réalisée, c'est à dire la destruction à ras de terre de tous les immeubles entre les quais (l'hôtel de ville) et la Vieille Charité.
Ces projets étaient d'ailleurs connus de tous, étant diffusés par la presse.
Et la chronologie, elle encore, montre que lorsque les Allemands arrivent (novembre 1942), il ne leur faut que quelques semaines pour mettre à exécution des idées... qui étaient toutes prêtes dans des cartons.
Je ne conteste pas non plus que beaucoup d'occupants du quartier aient beaucoup perdu. Mais il suffit de relire les souvenirs de Pouillon pour constater que ce n'a pas été le cas de tout le monde.
En résumé, mon parallèle avec la Balance ne fait référence qu'à l'aspect immobilier, en réponse à la vraie-fausse question de Lou Ravi ("Cette insalubrité manifeste, qui était peut-être entretenue, justifiait-elle la destruction de constructions de caractère, chargées de toute une histoire ?"). Il est évident que les expropriations ici et les expulsions à Marseille ne se sont en rien effectuées dans le même contexte. Mais je pense simplement que, sous prétexte d'épuration, sanitaire ici, politique là-bas, la porte a été ouverte à des opérations qui relèvent essentiellement de la "pression foncière", pour reprendre un mot qu'aiment bien les élus (un euphémisme pour "spéculation"...).
Corinne, Si c'est de la "tour" accostée de plusieurs conduits de cheminée qu'il est question, je pense qu'on la voit aussi dans le cliché Mieusement publié ici il y a 3 jours - pile dans l'axe du campanile du Palais des Papes.
Vu sa position et sa taille relativement modeste, je pencherai plutôt pour un belvédère, ces terrasses couvertes que certains privilégiés élevaient au dessus des cages d'escalier, et qui permettaient de prendre le frais dans les nuits torrides.
@ Alain Breton
En cherchant bien on voit que les mentalités n'ont pas changé!
La rumeur publique sut désigner les coupables. La revue municipale essaya maladroitement, en août 1943, de justifier la constitution d’une société immobilière chargée de la reconstruction, qui avait déposé ses statuts alors même que la destruction du Vieux-Port ne faisait que commencer : « Les esprits insuffisamment informés ont pu voir, dans la concomitance des dates, une relation de cause à effet, entre la démolition du quartier nord du Vieux-Port (24 janvier 1943) et la constitution de cette société (25 janvier 1943). Mais pour toute personne avertie et de bonne foi, il ne peut y avoir là qu’une simple coïncidence. » Drôle de coïncidence : le préfet Barraud, en vertu de la loi du 30 mai 1941, avait passé une convention avec cette régie immobilière, filiale de la Banque de Paris et des Pays-Bas, selon laquelle celle-ci se verrait attribuer toutes les opérations de reconstruction des secteurs appelés à être démolis : lesquels coïncidaient exactement avec le périmètre de démolition prévu par le plan Beaudoin... Les procédures d’expropriation ont souvent tendance à traîner en longueur – plus de vingt ans pour expulser tous les habitants de Derrière-la-Bourse ! L’intervention de la Wehrmacht permit de contourner ce type de problème.
On ne peut davantage oublier la responsabilité des intellectuels qui de leur plume ont appelé au crime. Du classique Rambert aux modernistes Castel et Ballard en passant par des dizaines de journalistes locaux et nationaux, tous avaient dénoncé les vieux quartiers avec les arguments mêmes que le général Oberg mit ensuite en avant.
Guima, c'est bien sous cet angle que je voyais la question. On peut ajouter que le fameux plan Beaudouin, que certains veulent dater de 1943 (histoire d'oublier ou de cacher tout ce qui précède Janvier 1943...) , s'inscrit en fait dans le droit fil d'une réflexion débutée au début des années 1930, et avait déjà amené la création du plan Greber, tracé en 1933, et qui n'avait été approuvé qu'à l'automne 1940.
Ne pas oublier une particularité de Marseille à cette époque (une parmi tant d'autres...), c'est que depuis l'affaire de l'incendie des Nouvelles Galeries (octobre 1938 - 73 morts) qui avait mis en évidence l'incapacité du pouvoir local à organiser les secours, la ville avait été mise sous tutelle. Dans les faits, elle était administrée par le Préfet, l'homme qui représentait l'Etat...
Au fait, qui était derrière la mise sous tutelle de Marseille ? Edouard Daladier, le futur maire d'Avignon...
(Une anecdote raconte que Daladier, logé à l'hôtel Noailles en face des Nouvelles Galeries - les Rad Soc étaient réunis en congrès à Marseille ! - , se serait écrié "Mais qui commande ici ?". D'autres prêtent le mot à Herriot, qui y était aussi).
Témoin de la catastrophe, Édouard Daladier s'écrie : « Qui commande ici ? Il n'y a-t-il donc pas de chef, pas un homme pour diriger ? C'est lamentable. ».
lamentable tout cela...
actuellement les mentalités n'ont guerre changer ,hélas
cela recommence avec de la pub en plus!!
Attention aux spams à venir et aux virus!!
Commentaires
La grande défiguration...
il reste moi, et un peu plus
Avant que le fléau ne s'abatte sur ce quartier et que ses plateaux soit détruits
Sur cette photo, datant probablement elle aussi de 1955 l’îlot central de La Balance est déjà démoli. Au premier plan on voit bien la « terrasse-casquette » et la mise à distance (du rempart) réglementaire du bar le Tout Va Bien. Probable palissade à gauche : les travaux d’aménagement des abords du nouveau pont, qui a remplacé le pont suspendu, ne sont pas terminés. Les traces sur la chaussée: peu de véhicules entrent et sortent de la ville. Autocar (déjà Bouisse ?) pour la rive gardoise à côté du bâtiment de pesage de l’ancien octroi. Le bar accolé aux remparts, tournant le dos au Tout Va Bien est toujours là. Sous le platane la terrasse de chez Calixte (Bar du Vieux Théâtre) est déserte.
En 1929 Louis Gros, député socialiste, était élu maire et mettait aussitôt en train un projet "d’assainissement" de La Balance. La ville se porta acquéreur d’un certain nombre d’immeubles et les premières démolitions eurent lieu en 1932. Le dégagement de l’espace central que l’on voit au milieu est plus tardif mais certains immeubles auront déjà été démolis dans les années 40 : « n° 3 rue Calvet, 24, 26, 29 rue Balance, 24, 26 rue des Grottes, 3,5,7 et 11 rue Fonderie ». Louis Gros, devenu Sénateur en 1935, participera aux travaux qui aboutiront au décret-loi de 1936 relatif à la destruction des taudis et qui permettront plus tard de raser des immeubles entiers. Dans un des ouvrages administratifs qu’il a rédigé sur notre ville, Marius Lechalier, secrétaire général de la mairie, rappelle aussi le rôle, aux côtés de Louis Gros, du Docteur Pélissier (directeur du bureau municipal d’hygiène). Le projet de démolition rédigé en 1938 « verrait la disparition des maisons inhabitables » que le rapport qualifie de «tanières» (sic). Cette insalubrité manifeste, qui était peut-être entretenue, justifiait-elle la destruction de constructions de caractère, chargées de toute une histoire ?
Sur la photo, près de l'espace qui a été rasé on devine une tour, peut-être celle déjà vue sur d'autres photos. Les vieilles pierres n'étant pas mon fort quelqu'un (suivez mon regard !) pourrait-il me dire ce que c'est, merci ?
Ces vues patrimoniales sont très belles.
Extraordinaire cliché, en effet. Le fourmillement des toitures, toutes à des niveaux différents, toutes avec des pentes particulières, évoque celles qui "montaient à l'assaut du Palais" , comme le disait Gagnière à propos d'un dessin fameux de Martellange. En 350 ans, rien n'avait bougé, et puis en l'espace de quelques décennies... crac.
Lou, en effet, le point de départ de l'opération, sous le premier mandat de Louis Gros - qui trouva en Louis Nouveau un digne continuateur - était un rapport sur l'insalubrité du quartier, avec un taux de mortalité nettement supérieur à la moyenne de la ville. Rapport qui avait bien entendu pour auteur le médecin attaché au bureau municipal d'hygiène...
On peut se questionner sur les données de ce rapport, vu que le même bureau municipal avait produit 30 ans auparavant d'autres statistiques, reportées sur un plan (Cf Archives Municipales), montrant que si la mortalité y était supérieure à la moyenne, c'était surtout place de la Madeleine qu'on trouvait des chiffres élevés. De plus d'autres quartiers, loin de la Balance, affichaient les mêmes valeurs...
Le doute subsiste donc sur les motivations réelles de l'opération... Et pour ma part, je souris (jaune) quand j'y repense, mettant la Balance en parallèle avec l'affaire du quartier du Panier à Marseille, dont on a accusé les Allemands, qui avaient bien d'autres exactions sur la conscience... mais ne furent que les exécuteurs d'un projet formulé bien avant leur arrivée, puisque des plans du quartier entièrement reconstruit, des quais du Vieux Port à la Vieille Charité, circulaient déjà dans les années 30 ! Visiblement, certains n'on pas tout perdu dans l'affaire.
Lou, des tours, on n'en manque pas sur ce cliché... Je vois bien la tour de Mirault à droite, dans l'alignement vertical de la tour de la Campane, mais est-ce de celle-là qu'il s'agit ?
concernant la destruction du quartier du Panier à Marseille je ne suis pas tout à fait d'accord avec la thèse de Alain Breton:
Considéré comme pauvre et insalubre, l'aménagement du quartier s'étendant sur la rive nord du Vieux-Port est critiqué dès le XVIIIe. Plusieurs projets de rénovation ont été ébauchés au fil des siècles. Durant la Seconde Guerre mondiale, un plan d’urbanisme est préparé par des architectes acquis à la cause de la « Révolution nationale » mise en œuvre par le régime de Vichy. Les premiers travaux débutent à l'automne 1942 :
« Suburre obscène, un des cloaques les plus impurs, où s'amasse l'écume de la Méditerranée (...) C'est l'empire du péché et de la mort. Ces quartiers patriciens abandonnés à la canaille, la misère et la honte, quel moyen de les vider de leur pus et les régénérer » — Louis Gillet, revue municipale du 21 octobre 19421
La partie située entre la rue Caisserie et le Vieux-Port est finalement détruite par décision des Allemands : ses ruelles sombres et pleine de recoins constituant un refuge pour les Résistants. Entre le 22 et le 24 janvier 1943, 30 000 habitants sont expulsés, plusieurs milliers de personnes sont arrêtées et envoyées dans les camps de concentration. Puis, maison par maison, les 1 500 immeubles sont dynamités, laissant un champ de ruines à l'exception de l'hôtel Echevin de Cabre, construit en 1535, la plus vieille demeure de la ville. Lors de la reconstruction du nouveau quartier de l'Hôtel de Ville, l'immeuble a été tourné sur vérins pour le placer dans l'alignement des nouvelles rues.
Mandaté par Laval, Bousquet demande le 14 janvier 1943 un répit d’une semaine afin de mieux organiser l’opération et de faire venir des renforts policiers. De plus, alors que les nazis se préparaient à se cantonner dans les limites du 1er arrondissement, Bousquet propose d’élargir l’opération à toute la ville. Selon l’historien Maurice Rajsfus, il demande ainsi la complète liberté d’agir pour la police française, qu’il obtient d’Oberg.
Selon l’historien Jacques Delarue, deux cents inspecteurs venus de Paris et ailleurs, quinze compagnies de GMR et des escadrons de gendarmerie et de gardes mobiles sont descendus sur Marseille. En tout, « douze mille policiers environ se trouvaient concentrés à Marseille » Le 22 janvier, le Vieux-Port est complètement bouclé. La ville est fouillée maison par maison, mis à part les quartiers résidentiels, durant 36 heures. « Au total, à la suite des dizaines de milliers de contrôle, près de 2 000 Marseillais (…) se retrouveront dans les trains de la mort. » écrit ainsi M. Rajsfus. 1 500 immeubles sont détruits.
Bilan humain de l'opération « Tiger » (estimations) : 1 642 transferts sur Compiègne le 24 janvier,782 Juifs déportés et exterminés à Sobibor, 600 « suspects » déportés à Sachsenhausen.(Source Cercle d'étude de la Shoah).
La préfecture des Bouches-du-Rhône publie un communiqué le 24 janvier 1943 :
« Pour des raisons d’ordre militaire et afin de garantir la sécurité de la population, les autorités militaires allemandes ont notifié à l’administration française l’ordre de procéder immédiatement à l’évacuation du quartier Nord du Vieux-Port. Pour des motifs de sécurité intérieure, l’administration française avait, de son côté, décidé d’effectuer une vaste opération de police afin de débarrasser Marseille de certains éléments dont l’activité faisait peser de grands risques sur la population. L’administration française s’est efforcée d’éviter que puissent être confondues ces deux opérations. De très importantes forces de police ont procédé dans la ville à de multiples perquisitions. Des quartiers entiers ont été cernés et des vérifications d’identité ont été faites. Plus de 6 000 individus ont été arrêtés et 40 000 identités ont été vérifiées. »
Le Petit Marseillais du 30 janvier 1943 ajoute :
« Précisons que les opérations d’évacuation du quartier Nord du Vieux-Port ont été effectuées exclusivement par la police française et qu’elles n’ont donné lieu à aucun incident. »
René Bousquet (en col de fourrure) entouré notamment de Bernhard Griese et du préfet Antoine Lemoine, à l'hôtel de ville.
Une photo, prise lors de cette opération et connue depuis le début des années 1970, montre Bousquet souriant, posant en compagnie du SS Bernhard Griese, chef de la police allemande dans la région, d’un officier supérieur de la SS, de Antoine Lemoine, préfet régional et de Pierre Barraud, préfet délégué à l’administration préfectorale de Marseille
Le quartier de l'Opéra. Les 22 et 23 janvier 1943, la rafle s'est étendue au quartier de l'Opéra où vivaient de nombreuses familles juives, en raison de la proximité avec la grande synagogue de la rue Breteuil. 250 familles ont été raflées, tôt le matin, avec une brutalité inouïe, les gens emmenés dans la tenue dans laquelle ils étaient au moment où les policiers ont franchi la porte, sans bagage ni objet personnel; les familles ont été séparées dès le moment de l'arrestation, et ne se sont jamais retrouvées.
Ce quartier était aussi celui de la pègre et du grand banditisme, dont les truands requis pour la Gestapo, ce qui peut expliquer la violence des sbires
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild_101I-027-1475-38,_Marseille,_deutsch-franz%C3%B6sische_Besprechung.jpg?uselang=fr
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild_101I-027-1480-30,_Marseille,_Zerst%C3%B6rung_des_alten_Hafenviertels.jpg?uselang=fr
mes liens ne fonctionnaient pas, mystère de l'informatique
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/db/Bundesarchiv_Bild_101I-027-1475-38%2C_Marseille%2C_deutsch-franz%C3%B6sische_Besprechung.jpg/330px-Bundesarchiv_Bild_101I-027-1475-38%2C_Marseille%2C_deutsch-franz%C3%B6sische_Besprechung.jpg
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/ed/Bundesarchiv_Bild_101I-027-1480-30%2C_Marseille%2C_Zerst%C3%B6rung_des_alten_Hafenviertels.jpg/330px-Bundesarchiv_Bild_101I-027-1480-30%2C_Marseille%2C_Zerst%C3%B6rung_des_alten_Hafenviertels.jpg
"Visiblement, certains n'on pas tout perdu dans l'affaire."
Au total, à la suite des dizaines de milliers de contrôle, près de 2 000 Marseillais (…) se retrouveront dans les trains de la mort.
1 642 transferts sur Compiègne le 24 janvier,782 Juifs déportés et exterminés à Sobibor, 600 « suspects » déportés à Sachsenhausen
Je pense que la tour dont parle Lou est celle que l'on aperçoit au 2/3 de la hauteur de la photo, au milieu. Car cela ressemble bien à une tour Corinne D..
Guima, concernant Marseille, je ne conteste en rien la responsabilité des Allemands dans les rafles, déportations, atrocités diverses et autres exactions commises à Marseille, comme en bien d'autres endroits.
Mais je maintiens que l'opération immobilière était prévue et projetée depuis quelques années, celles qui ont immédiatement précédé la guerre, projet dans lequel Vichy et la Révolution Nationale ne peuvent être impliqués pour de simples raisons de chronologie. Et projet qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à l'opération réalisée, c'est à dire la destruction à ras de terre de tous les immeubles entre les quais (l'hôtel de ville) et la Vieille Charité.
Ces projets étaient d'ailleurs connus de tous, étant diffusés par la presse.
Et la chronologie, elle encore, montre que lorsque les Allemands arrivent (novembre 1942), il ne leur faut que quelques semaines pour mettre à exécution des idées... qui étaient toutes prêtes dans des cartons.
Je ne conteste pas non plus que beaucoup d'occupants du quartier aient beaucoup perdu. Mais il suffit de relire les souvenirs de Pouillon pour constater que ce n'a pas été le cas de tout le monde.
En résumé, mon parallèle avec la Balance ne fait référence qu'à l'aspect immobilier, en réponse à la vraie-fausse question de Lou Ravi ("Cette insalubrité manifeste, qui était peut-être entretenue, justifiait-elle la destruction de constructions de caractère, chargées de toute une histoire ?"). Il est évident que les expropriations ici et les expulsions à Marseille ne se sont en rien effectuées dans le même contexte. Mais je pense simplement que, sous prétexte d'épuration, sanitaire ici, politique là-bas, la porte a été ouverte à des opérations qui relèvent essentiellement de la "pression foncière", pour reprendre un mot qu'aiment bien les élus (un euphémisme pour "spéculation"...).
Corinne, Si c'est de la "tour" accostée de plusieurs conduits de cheminée qu'il est question, je pense qu'on la voit aussi dans le cliché Mieusement publié ici il y a 3 jours - pile dans l'axe du campanile du Palais des Papes.
Vu sa position et sa taille relativement modeste, je pencherai plutôt pour un belvédère, ces terrasses couvertes que certains privilégiés élevaient au dessus des cages d'escalier, et qui permettaient de prendre le frais dans les nuits torrides.
@ Alain Breton
En cherchant bien on voit que les mentalités n'ont pas changé!
La rumeur publique sut désigner les coupables. La revue municipale essaya maladroitement, en août 1943, de justifier la constitution d’une société immobilière chargée de la reconstruction, qui avait déposé ses statuts alors même que la destruction du Vieux-Port ne faisait que commencer : « Les esprits insuffisamment informés ont pu voir, dans la concomitance des dates, une relation de cause à effet, entre la démolition du quartier nord du Vieux-Port (24 janvier 1943) et la constitution de cette société (25 janvier 1943). Mais pour toute personne avertie et de bonne foi, il ne peut y avoir là qu’une simple coïncidence. » Drôle de coïncidence : le préfet Barraud, en vertu de la loi du 30 mai 1941, avait passé une convention avec cette régie immobilière, filiale de la Banque de Paris et des Pays-Bas, selon laquelle celle-ci se verrait attribuer toutes les opérations de reconstruction des secteurs appelés à être démolis : lesquels coïncidaient exactement avec le périmètre de démolition prévu par le plan Beaudoin... Les procédures d’expropriation ont souvent tendance à traîner en longueur – plus de vingt ans pour expulser tous les habitants de Derrière-la-Bourse ! L’intervention de la Wehrmacht permit de contourner ce type de problème.
On ne peut davantage oublier la responsabilité des intellectuels qui de leur plume ont appelé au crime. Du classique Rambert aux modernistes Castel et Ballard en passant par des dizaines de journalistes locaux et nationaux, tous avaient dénoncé les vieux quartiers avec les arguments mêmes que le général Oberg mit ensuite en avant.
Guima, c'est bien sous cet angle que je voyais la question. On peut ajouter que le fameux plan Beaudouin, que certains veulent dater de 1943 (histoire d'oublier ou de cacher tout ce qui précède Janvier 1943...) , s'inscrit en fait dans le droit fil d'une réflexion débutée au début des années 1930, et avait déjà amené la création du plan Greber, tracé en 1933, et qui n'avait été approuvé qu'à l'automne 1940.
Ne pas oublier une particularité de Marseille à cette époque (une parmi tant d'autres...), c'est que depuis l'affaire de l'incendie des Nouvelles Galeries (octobre 1938 - 73 morts) qui avait mis en évidence l'incapacité du pouvoir local à organiser les secours, la ville avait été mise sous tutelle. Dans les faits, elle était administrée par le Préfet, l'homme qui représentait l'Etat...
Au fait, qui était derrière la mise sous tutelle de Marseille ? Edouard Daladier, le futur maire d'Avignon...
(Une anecdote raconte que Daladier, logé à l'hôtel Noailles en face des Nouvelles Galeries - les Rad Soc étaient réunis en congrès à Marseille ! - , se serait écrié "Mais qui commande ici ?". D'autres prêtent le mot à Herriot, qui y était aussi).
http://www.paca.culture.gouv.fr/dossiers/xxeme_marseille/presentation/archi.htm
une confirmation de votre commentaire.
Témoin de la catastrophe, Édouard Daladier s'écrie : « Qui commande ici ? Il n'y a-t-il donc pas de chef, pas un homme pour diriger ? C'est lamentable. ».
lamentable tout cela...
actuellement les mentalités n'ont guerre changer ,hélas
cela recommence avec de la pub en plus!!
Attention aux spams à venir et aux virus!!