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La Souvine - Photo Daniel Folcher.

4237803024.jpgPhoto Michel Benoit.

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Commentaires

  • Belle énigme que je découvre en rentrant de Marseille à une heure indue ! Comme l’on est à La Souvine je fais le rapprochement avec d’autres rares pierres gravées que l’on trouve dans la campagne environnante. Elles étaient situées en un endroit facilement repérable et connu, tel le milieu d’un ponceau (noter que cette pierre a l’air de la même molasse que la plupart des dalles de pont que l’on connaît dans le coin). Les lignes gravées indiquaient où étaient d’autres points moins visibles car dissimulés (bord de fossé, haie..). Points qui étaient souvent des limites, des marques de bornage. Ici il faut aller de part et d’autre en suivant l’angle dont les lignes sont coupées en formant croix. Mais ces lignes gravées ici sont plus complexes que ce que je connais et surtout cette pierre semble avoir été posée verticalement, tenue par la fiche de métal que l’on devine.

    A montrer à un géomètre (qui a un peu de bouteille) ou à un architecte du patrimoine.

  • Trop complexe pour être une indication de repères. On en vient donc, banalement, à une marque de tâcheron. En ce cas la pierre gravée est bien plus ancienne.

  • Je me demande s'il ne s'agit pas tout simplement d'un abreuvoir.

    Non, pas le truc pour faire désaltérer les bêtes, mais la série de saignées, plus ou moins en patte d'oie, que pratiquent les maçons sur les joints montants des blocs de pierre de taille, pour y faire couler un mortier clair et liquide qui s'appelle... l'abreuvage.

    Ce qui est dommage, c'est que les saignées se terminent toutes sur des parties endommagées, nous ne savons donc pas comment étaient leurs extrémités à l'origine.

    Il faudrait avoir les dimensions complètes du bloc, si nous avons sous les yeux la plus petite face, il y a des chances que ce soit ça...

  • Dans certains arts, étendre sur un fond poreux un corps gras quelconque pour en rendre la surface unie.

    — Maçonn. Répandre de l’eau avec la truelle ou avec une brosse sur un vieux mur dégarni de son enduit, pour y attacher un nouvel enduit, ou sur l’aire d’un plancher qu’on a haché pour que le plâtre du nouveau carrelage fasse liaison avec cette aire.

    j'ai travaillé 44 ans dans le bâtiment et je n'ai jamais vu abreuvé carreleurs ou maçons à l'aide de cette pierre.

  • Guima, il ne s'agit pas de carrelage ni d'enduit sur un mur, mais de maçonnerie de pierre de taille, i.e. de maçonnerie faite à partir de blocs taillés à l'équerre.

    Leur empilage génère deux sortes de joints, ceux qui séparent les assises (joint de lit) et ceux qui séparent les blocs d'une même assise (joints montants).

    C'est de ces derniers qu'il est ici question.

    On trouve les expressions "abreuver", "mortier clair et liquide" et "couler" dans quantité de prix-faits des XVII° et XVIII° siècle.

    Et l'on voit très régulièrement, dans des murs réalisés à partir de blocs de récupération, ces "pattes d'oie" qui deviennent visibles lorsque les blocs (cassés, sans doute) sont tournés à 90° et présentent en parement la face du joint montant.

    Un "souvenir" de ces abreuvoirs existe toujours, dans les modernes agglos dont les côtés montants sont toujours démaigris pour permettre de glisser le mortier en passant la truelle verticalement... mais là, la largeur est telle qu'il n'est pas utile que le mortier soit liquide.

  • Le peu de soin apporté à la gravure de ce « signe » par ailleurs difficile à date hors de son contexte d'utilisation initiale, me laisse à penser qu'il ne s'agit nullement d'une marque de tâcheron ou encore d'un symbole gravé par un tailleur de pierre.
    J'incline volontiers pour une belle variante de la fameuse « patte d'oie » destinée à couliner le mortier entre les pierres afin d'en assurer l'adhérence lors du montage des voûtes, sillons qu'un tailleur de pierre se sera en quelque sorte amusé de compléter de croisillons évoquant des croix — ce qui est pour le moins banal.
    Ces sillons pour le coulinage du mortier, en forme de « patte d'oie », d'« arbre de vie » ou d'« arêtes de poisson », sont très souvent confondus avec des symboles plus ou moins ésotériques alors que leur fonction est tout d'abord utilitaire. Le réemploi fréquent des pierres fait que ces sillons, prévus pour être cachés dans les joints, se retrouvent visibles en façade.

  • devant les derniers commentaires si bien argumentés je ne peux que m'incliner devant cette connaissance de l'appareillage et admettre que je ne cherchez pas dans la bonne direction.

  • Je rajoute, à côté de la photo de M. Folcher, la photo d'une pierre de mon jardin à laquelle je viens juste de penser !
    La pierre doit être imaginée le haut en bas. Il s'agit selon moi de la partie supérieure d'un meneau.
    La trace y est exactement la même que sur la pierre de M. Folcher.

  • Cette hypothèse de "l'abreuvoir" (pierre creusée que je ne connaissais pas) a l'air bien séduisante. On en apprend tous les jours sur ce blog.

  • Je viens de montrer la photo à un copain maçon, qui me dit que c'est plausible mais que d'après ce qu'il a appris de son grand-père (qui était lui-même maçon tailleur de pierre) on devait faire couler le joint liquide un peu "comme en entonnoir". Or, il y a ici il y a trois "rigoles" de coulage, trop rapprochées et surtout impliquant une parfaite homogénéité de dimensions dans la taille des pierres peu compatible avec l'irrégularité de celles-ci. Comme je n'y entends goutte je me garderai bien d'avoir un avis.

  • Après concertation avec plusieurs tailleurs de pierre, il ne fait aucun doute qu'il s'agit bien de saignées pour coulinage à la chaux.

    A moins que ces facétieux Compagnons n'aient encore voulu dissimuler leurs mystérieux secrets hérités des Templiers et des Extraterrestres ! ;-)

  • Je ne peux que continuer à enfoncer le clou ... Il est certain que l'abreuvoir du cliché Folcher n'est pas absolument "canonique" et que sa disposition ne facilite pas (mais n'interdit pas non plus) le "coulage" d'un abreuvage. Sauf à ce qu'il soit vraiment très liquide.

    Mais cela ne suffit pas à rejeter l'identification. Si l'on tape "Abreuvoir homonymie" sous Gogol, et que l'on suit le lien idoine, on tombe sur une fiche Wikipédia illustrée d'un magnifique abreuvoir réputé appartenir à un sommier de plate-bande. Donc dans un joint montant (très précisément, un joint en coupe...) . Or il est clair que cette saignée qui n'a pas de débouché supérieur, n'a pas de possibilité de servir comme un "entonnoir". Par contre elle peut largement faciliter le fluage du mortier si la face en coupe (ou celle de la pièce que l'on vient appuyer contre) a été tartinée de mortier...

    Au final, il faudrait que l'on ait une vision sur l'intégralité du bloc pour se faire une idée précise de ce qu'il pouvait être. Si les 6 faces sont dressées (et les dimensions raisonnables), il est possible qu'il s'agisse d'un élément de pilier, auquel cas on n'est pas tout à fait en présence d'abreuvoir stricto sensu, mais de sa variante destinée à faciliter le fluage du mortier sur le lit de pose, lors de la mise en œuvre.

    Mais de toutes façons, rien d'ésotérique dans cette gravure faite à la va-vite - ou plus exactement, faite sans finition car destinée à demeurer invisible.

    Qu'en pense JM Mathonière ?

  • J'abonde le mortier en ce sens… ;-)
    Le creusement des sillons n'était pas toujours fait de manière très rationnelle, la taille étant quelquefois très "industrielle" et cette tâche finale étant généralement laissée aux simples manœuvres et apprentis… Bien des pierres ont été ainsi préparées alors qu'elles n'étaient pas prévues pour un tel usage, et vice-versa !
    Ce que souligne Alain Breton au sujet du fait que c'est largement suffisant dans le cas d'un tartinage de mortier, est très juste : l'objectif n'est pas obligatoirement de réaliser ensuite un coulinage de mortier dans les règles de l'art, mais simplement d'améliorer l'adhérence des pierres entre elles.
    Par ailleurs, le coulinage peut exceptionnellement se réaliser avec une entrée d'abreuvoir ne se situant pas sur le lit supérieur de la pierre en place, mais sur un joint de face : dans ce cas, on confectionne un petit entonnoir en argile.
    De manière générale, il ne faut pas passer d'un excès à un autre : les tailleurs de pierre d'antan n'étaient ni tous des imbéciles, ni tous des génies ! Même sur des chantiers à la stéréotomie exceptionnelle, il arrive de tomber sur des détails qui laissent pantois…

  • je penche pour la théorie du striage des pierres pour une meilleure adhérence du mortier.
    si ce travail était confié à des apprentis chacun devait y aller de son style personnel!

  • Et pourtant, dans mes deux exemples photographiques, on voit deux pierres de différentes qualités et de différentes époques sans doute, dont la qualité du striage est bien différente elle aussi, mais qui proposent un tracé formidablement similaire...
    Ce qui m'amène à penser qu'il y avait des formes prédéfinies non dues au hasard.

  • Un vrai plaisir de s’instruire. Merci.
    Mon copain Nicolas a téléphoné à son grand-père. Il n’a pas internet et ce ne fut pas très facile de lui expliquer. Il fut tailleur de pierres avant guerre mais surtout cantonnier et il avait accumulé chez lui toutes sortes de pierres taillées, gravées, sculptées récupérées à gauche et à droite. Il a confirmé qu’il y avait des pierres à rainures (au dessin assez simple cependant) « pour faire couler les joints ». Si on a bien compris elles étaient surtout utilisées lors du remplacement de pierres « tombées » (restauration ?). Les gravures «repères» dont j’ai parlé il en vu dans la plaine, toujours sur de très grosses pierres que l’on ne déplaçaient jamais, les distances aux points de bornage étaient généralement indiquées. Il a parlé aussi de blocs plats portant un rainurage en forme de triangle régulier. Point de marque de compagnon ni de ces signes maçonniques qui font fantasmer, mais de simples « cadrans solaires de chantier ». Là je crois que j’en ai vus. Sa «collection» de pierres est toujours bien présente dans sa maison d’Eyragues. Mais dans les fondations de cette dernière, noyée dans des m3 de béton, coulés sans abreuvoir !

  • Dans le lien donné par JM Pautrat, grosse crise de fou-rire en voyant que nos signes pseudo-cabalistiques étaient devenus "pâte d'oie"... L'abus du foie gras et des boissons qui vont avec, sans doute !

    Mais une fois le calme revenu... OK, ce lien confirme qu'il y a de la patte d'oie même à l'horizontale, dans le lit de pose.

  • @ Guima : La forme de ces rainures répond tout simplement à la meilleure adéquation entre les besoins du coulinage et la rapidité/simplicité d'exécution. Par ailleurs, le fait même que le métier se transmette de génération en génération depuis des siècles fait qu'il y a une relative stabilité non seulement de l'outillage (cf. le livre de Jean-Claude Bessac, L’outillage traditionnel du tailleur de pierre de l’Antiquité à nos jours. Paris, éd. du CNRS, 1986), mais aussi des techniques, des traditions, etc. Un apprenti qui avait vu son maître réaliser telle ou telle opération de telle manière durant plusieurs années, reproduisait généralement celle-ci de l amême manière… Ainsi encore, une grande partie des marques dites « de tâcherons », telles qu'on en voit en quantité à l'époque romane, sont-elles dans leur grande simplicité identiques ou similaires à des marques bien plus anciennes (cf. le livre de René Sansen, Lointains messages de la pierre, Éditions de la Taille d'Aulme, 1975).

  • En agrandissant au maximum, la photo de gauche, sur la partie supérieure droite on distingue une pièce métallique sectionnée au ras de la pierre.
    Quelle en été sa destination de même que celle du bas?
    Un système de fixation ou d'ancrage? Système bien moderne pour une vieille pierre.

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