Appréciée pittoresque cette rue j'avoue
Manque cruellement de quelques de ses roues
Avignon a toujours été une cité de fabrication de tissus. Le XVIIIe siècle voit l’apogée de la fabrication des soieries et des indiennes. « Les soyes y occupent un quart des habitants plus de six mois de l'année pour ceuillir les feuilles des meuriers, nourrir les vers à soye, les changer, percevoir les cocons, les porter à leur destination, les étuver afin que les vers périssent, tirer leurs soies, les dévuider, les doubler, les mouliner, les décreuser, leur donner les couleurs et les ouvrer ou les débiter au sortir des teintures, ce qu'on peu aisément, attendu que la convenance de l'air ou des eaux d'Avignon, ou même l'habileté des teinturiers les fait mieux réussir au cramoisi, à l'incarnat et au ponceau qu'en aucun autres endroits de l'Europe. » (sic - 1748) À cette époque, on utilisait les eaux limpides (!!!) de la Sorgue (le canal de Vaucluse), qui viennent de Fontaine de Vaucluse, pour laver les tissus et la rue explosait de couleurs chatoyantes. Dès 1800, cette prospérité passe et sera relayée par la culture de la garance (plante dont on tire une teinture rouge) que l'on réduit en poudre pour la conserver. En 1817, la rue comptait vingt trois roues. On trouvait des fabriques des deux côtés de la rue : des axes de transmission des roues passaient sous la rue à faible profondeur vers les maisons éloignées de la Sorgue. Les roues actuelles et ce qui reste de leurs mécanismes datent du XIXe siècle. Elles sont actuellement quatre en place. N'en manque-t-il pas une cinquième devant la maison Quatre de Chiffre ? Voire une sixième du côté de la Tarasque ? Mais, à quoi servaient exactement ces roues ? Leur force motrice était utilisée pour actionner les machines des "mouliniers à soie" dont le travail consistait à tordre plusieurs fils entre eux afin de les réunir et les consolider.