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Enfantarié de la Gardo petachino dóu Vice-legat XVIIIen

Infanterie de la Garde pétachine du Vice-légat d'Avignon au XVIIIe
"Pétachine" : du provençal "petachino" qui veut dire... poltronne !
Infantry of the Petachine guard of the Vice-legate of Avignon in the XVIIIth
"Pétachine" : from the Provencal "petachino" which means... coward !

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Commentaires

  • Sans parler de la moustache et du clin d'oeil, égrillard.
    Poltron? Un ancêtre de tartarin, peut-être?

  • Amusant ce terme de Pétachine, à rapprocher de la pétoche et des pétochards ;-)
    Ce qui suit me paraît de nature à confirmer la signification du mot.

    On peut lire dans "Histoire de la révolution à Marseille et en Provence depuis 1789" (à gougeuliser), que le 18 mars 1790, le vice-légat Philippe Casoni, contraint et forcé par les voeux d'une majorité d'avignonais, finit par autoriser l'élection d'un maire pour Avignon, tout en s'attribuant une entière inspection sur le corps municipal. Le 14 avril, le mécontentement est tel qu'une trentaine de citoyens sont désignés pour dresser un code de législation et,

    "Cette délibération prise, les corporations en masse se disposent à aller la présenter à l'approbation du vice-légat. A l'approche de cette multitude, Philippe Casoni ordonna de ne point faire de résistance, de fermer les portes du palais et de les laisser enfoncer; mais le peuple n'eut pas même cette peine, car la Pétachine, qui avait la garde des postes extérieurs, fraternisa avec lui et lui ouvrit elle-même les portes. La troupe pénétra jusque dans la salle des Suisses, où elle fut arrêtée par les chevau-légers et par les Suisses du vice-légat qui ne laissèrent entrer que six députés...
    ... Ce fut ainsi qu'Avignon, la ville papale, se trouva régie par des lois françaises avant sa réunion à la France."

    La pétachine préfère fraterniser plutôt que d'avoir à faire semblant de résister... par peur de mauvais coups peut-être !

  • Dans un autre ouvrage, le "Journal encyclopédique ou universel, dédié à son altesse Sérénissime Mrg le Duc de Bouillon année 1791" (dans books-google, toujours), au chapître "La Cavaillonade, ou Le Siège de Cavaillon par les Avignonois, poème héroï-comique", on trouve mention du temple de Pétachine...
    Dans le premier poème l'auteur dépeint :
    "la situation d'Avignon, les grands motifs qui portent ses habitants à assiéger Cavaillon, et le départ d'un député pour aller chercher du secours en Provence. Il est bon d'avertir qu'il s'agit ici du siège du 4 octobre 1790, où les Avignonois, effrayés à l'aspect de quelques Carpentrassiens armés, prirent bravement la fuite..."

    "Dans le quatrième chant, on voit la description du temple de Pétachine, allusion au nom de Pétaches que leurs voisins donnent au Avignonois, c'est à dire lâches, timides. Cette divinité, alarmée à la nouvelle du dessin des Avignonois, ses sujets jadis fidèles, s'exhale en plaintes; elle implore le secours de la Terreur, sa mère. Portrait de la Terreur. Son départ. Elle tente vainement d'épouvanter les Avignonois, que le démon du fanatisme & l'espoir du pillage a rendus intrépides. Albigrocin (c'est le nom du Fanatisme) met la Terreur en fuite. Les Avignonois allaient se rendre maîtres de Cavaillon, quand la Terreur reparoît, & vient présenter au Fanatisme l'image de l'archange Michel. Le Fanatisme épouvanté se replonge aux Enfers. Les Avignonois, livrés à leur timidité naturelle, croient voir des soldats ennemis s'avancer vers eux, & prennent la fuite, saisis d'une terreur panique."

    Edifiant, non ? :-)

  • Intéressantes anecdotes historiques qui corroborent bien ce surnom !

    Cela me fait penser à un texte que mon aïeul a laissé et dans lequel il raconte comment il fait escalader de nuit les remparts à son vieux père (qui faisait partie de la municipalité Richard) afin d'échapper aux foudres de la "Terreur"...

    Mais d'où vient cette appellation "pétachine" qui semble bien plus ancienne que la Révolution française... ?

  • Petachine vient probablement de l'italien. Vu le nombre de fois où l'on trouve ce terme dans des articles numismatiques rédigés dans cette langue, j'en déduis qu'une pièce de monnaie italienne porte ce nom.

    Par ailleurs, on peut lire dans "Les avantures du baron de Foeneste, par Théodore-Agrippa d'Aubigné cette note :
    "Jean Petaquin : Refrain de chanson, chez les Italiens, Pettachïna c’est une coquette, et star su le Pettachine, c’est faire doublement bonne chère, et comme dit le proverbe, manger et peter tout ensemble."
    http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article1528

    Bon, ça n'éclaire guère, je suis bien d'accord !

  • À la fin du XIXe, Paul Arène écrit : « Ce soir même, précisément, Belles-ombres se mettait en liesse et offrait un repas superbe au bon roi René en personne, venu tout exprès de son château neuf de Tarascon, et au vice-légat, qui, pour lui faire honneur, était allé l'attendre, avec sa garde Pétachine, aux confins des terres papales. »

    J'ai trouvé ici : http://www.bonbecalou.com/catalogue/historique/historique.asp?id=36 cette citation (sans origine) : « Clément V (Bertrand de Goth), près de 60 ans avant l’édification complète du palais des papes, trouva à Carpentras une demeure qui devait devenir le palais épiscopal. Il le fit décorer de magnifiques fresques et l’aménagea pour que puissent y loger ses montures, ses gardes suisses, ses arbalétriers, sa « garde petachine » véritable garde de corps de sa cour, et constituant une suite militaire lorsque le pape sortait, au petit trot de sa mule, pour visiter ses vignes. »

    Et dans "Histoire des réunions temporaires d'Avignon et du Comtat venaissin" par P. Charpenne (1886) : « Le gouvernement papal fut assez peu généreux pour prélever annuellement sur cette somme , qui était loin de compenser l'énorme perte subie par les Avignonais et les Comtadins, celle de 40,000 livres qu'il employait à payer la garde du Vice-légat, appelée vulgairement la Pétachine. » (Cela se passe en 1734.)

  • Joseph Roumanille écrit dans un texte sur Mme de Vau-Cluso : « Lou Vice-legat, qu’èro alor Mounsegne Doria, (...) Ourdouno qu’un destacamen de 200 ome de sa Petachino, coumanda pèr un Chivalié de Malto... » (Donc entre 1706 et 1711.)

  • Découvert à l'instant : "La Terreur en Vaucluse", ouvrage écrit par Gustave Gauterot et publié par Aubanel en 1926 :
    http://www.liberius.net/livres/000000552.pdf

    Extraits :
    page 25 - "on reprochait au Vice-Légat de prélever (...) 40.000 livres pour le paiement de sa garde, ou Pétachine."

    page 38 - "Le 18 mars, le tocsin sonna de nouveau et, cette fois, la populace pénétra dans le palais : la Petachine en avait ouvert les portes. La garde suisse et les chevau-légers, postés à l'entrée des appartements du Vice-Légat, n'y laissèrent pourtant pénétrer que les délégués du Peuple"

    Dans le premier extrait, Pétachine est imprimé en italiques.
    Ce qui paraît confirmer l'impression que j'avais déjà, à savoir que Pétachine doit être un surnom qui a été donné à cette garde du vice-légat pour la distinguer de sa garde Suisse.
    De plus, cela colle tout à fait avec la citation du commentaire précédent, extraite de "Histoire des réunions temporaires d'Avignon et du Comtat venaissin" :
    la garde du Vice-légat, appelée - vulgairement - la Pétachine.

    Mais ça n'explique toujours pas pourquoi ce terme de "Pétachine" et pas un autre...

  • Oui, je confirme tout ça...

    Je ne sais plus où j'ai lu sur un site italien que "petaccino" avait le sens d' "avare"...
    Je ne sais pas si l'Italien est la bonne direction.

  • Pour la Garde pétachine, je pense être enfin sur une bonne piste.

    Dans mon premier commentaire du 12 octobre, j'avais évoqué celle des monnaies.
    Voici ce que j'ai relevé à propos de ces monnaies italiennes, gênoises en l'occurence : "C'est Conrad II qui concéda le droit de battre monnaie à la cité en 1139 comme le rappelle la légende de revers de notre "petachina" ou "patac" qui valait 6 deniers. A Gênes ont été fabriqués des genevini d'or (Ducat), des tiers de genovino, des gros d'argent, des petachina (ou 1/2 gros)"

    "Petachina ou patac"... aussitôt je fonce dans cette direction et je trouve dans le Dictionnaire de Numismatique de l'abbé Migne publié en 1852, la définition suivante : "PATAC, petite monnaie d'Avignon qui vaut un double ou deux deniers de France. Cette monnaie a cours et est assez commune dans la Provence et dans le Dauphiné."

    Autre définition intéressante en relation avec "Patac" dans le "Dictionnaire Etymologique Du Patois Lyonnais" :
    PATAT s. m. - "Petite pièce de monnaie de peu de valeur. (...) Non de "patard" dans lequel le "r" final aurait persisté, mais du primitif "patac", qui était une monnaie papale, (...) et devait être fort connue, car "patac" se trouve dans Rabelais et dans Villon.

    En résumé :
    D'une part, "petachina" est employé pour "patac" qui est une monnaie papale.
    D'autre part, "patac" en occitan signifie combat. Et "pataca" en provençal (selon mon Pichot Trésor) c'est frapper. Voila qui se rapporte à l'art militaire...

    Que peut-on déduire de tout ça ?

  • Notre terme provençal "petachin" est peut-être plus ancien que le douzième siècle...
    Il n'y a peut-être aucun rapport entre ce dernier et le petachina.

    J'émettrais l'hypothèse que :
    la garde était payée en petachin(e) et les avignonnais, amusés par la ressemblance entre les deux termes, ont sauté sur l'occasion pour la railler.

  • En fait, le terme que l'on pourrait rapprocher de "pétachine" est le "patas" qui était une monnaie courante typiquement avignonnaise. Je reviens donc vers toi, Yvelinoise.

  • Ce "patas" est-il parent du "patar" ou "patard" (gros sou) qui figure dans mon Pichot Tresor ?

    Dans "Lou soupa de Saboly", Augustin Boudin écrit à propos de Nicolas Saboly qui fête son avènement comme chanoine : "... il augmente les gages de Babeau de cinq écus, il jette aux enfants de choeur une pluie de patas..."
    Une note de bas de page précise : "Petite monnaie de billon avignonaise : 7 patas, ou patars, valaient un sou de Roi, et 6 un sou de Pape."

    Reste à trouver la relation du patas avec le (ou la) patac de Provence, le "Dictionnaire Etymologique Du Patois Lyonnais", cité dans un post précédent, s'en charge.

    Pour moi, ton hypothèse, comme quoi la garde pétachine était payée en patac, tiens la route, mais à condition que le terme de pétachina employé par les italiens n'ait pas été appliqué au (ou à la) patac pour cette raison même ! Toujours très difficile de savoir qui de l'oeuf ou de la poule... ;-)

  • "pata chin" "tape chien" Là on s'égare un peu, je crois !
    Et si on posait la question à Sèrgi ? lui, ou l'un de ses amis du Félibrige, pourrait peut-être nous éclairer sur les relations entre le provençal et l'italien...
    En attendant, je continue à chercher (j'adore ça !).

    Une nouvelle référence à la Pétachine, dans "Histoire des réunions temporaires d'Avignon et du Comtat Venaissin à la France" (Pierre Charpenne, 1886) :
    « L'orgueilleux Colona, (...) révoque son ordonnance draconienne, cause de tout le mal, et consent à congédier ses sbires et la Pétachine, qui s'embarque sur le Rhône pour s'en retourner en Italie. »
    Colona étant vice-légat de 1664 à 1665, le terme "pétachine" est donc antérieur au XVIIIe.

    Ce qui est confirmé par un de tes précédents commentaires, dans lequel Paul Arène parle du vice-légat, qui, pour faire honneur au Bon Roi René, était allé l'attendre, avec sa garde Pétachine, aux confins des terres papales. Le Bon Roi René, ça nous renvoie au XVe siècle.

    Mieux, si le texte à propos des berlingots (reproduit sur le site de Bonbecalou) est fiable, c'est à l'époque de Clément V que remonterait l'appellation de "pétachine" pour la garde papale.

    Autre mention du terme "pétachine" dans cet extrait du Marquis des Saffras de Jules de La Madelène (Paris, 1859) :
    « ...la colonne fut rompue et dispersée ; les soldats de Sambin s'enfuirent de tous côtés, emportés par cette terreur panique connue dans le pays sous le nom de pétachine d'Avignon. »

    Bon, maintenant je pense avoir trouvé le fin mot de l'histoire dans cette page de "Lou Trésor dou Félibrige" (un ouvrage mis intégralement en ligne par Gallica-BnF) :
    ftp://ftp.bnf.fr/000/N0007486_JPEG_564_564DM.jpeg.jpg

    Maintenant je laisse le mot de la fin au maître des lieux

  • Il y a un petit problème avec le lien, qui est sur un serveur ftp :
    il faut retirer au début de l'adresse tout ce qui se trouve avant ftp.

  • Intéressant lien qui confirme bien des choses et notamment l'ancienneté du surnom.
    Cependant, nous ne savons toujours pas pourquoi, ou tout au moins à partir de quelle notion est né ce surnom...
    Mais nous savons maintenant que la direction est l'Italie.

  • Bonjour
    notre association du patrimoine de caderousse prépare un livre sur le siège de caderousse à partir de documents manuscrits nouveaux
    serait il possible d'utiliser une gravure de votre blog (soldat garde pétachine ) pour illustrer en partie notre livre
    merci d'avance
    jean paul MASSE

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